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De plus en plus les pays en voie de développement se vident de leurs bras valides qui vont à la recherche de cieux plus cléments et tous les moyens sont bons pour traverser les frontières. Les ambassades de ces « cieux cléments » ne désemplissent pas de demandeurs de visas qui sont pour la plupart rejetés, mais qui ne se découragent guère. Ils sont victimes des escrocs qui leur promettent ce précieux tampon sur le passeport en quelques jours de tractation. Pour vous montrer combien est dramatique la situation des candidats à l’émigration, nous vous faisons lire cette partie de « Sans domicile fixe » de Hubert Prolongeau paru chez Hachette en 1993 « (…) Oumar
est burkinabé. La France, il l’a découvre en 1992. Depuis
quatre ans, il faisait régulièrement des demandes de visas pour venir à
Paris. Collaborateur d’une ONG de Ouagadougou qui travaille sur un projet de développement
dans le Haut-Bazéga, une province du pays, il passe son temps dans les hôtels
pour touristes à la recherche de français qui accepteraient de correspondre
avec lui et pouvoir ainsi monter des lettes « l’invitant. » Cela
ne suffit pas. Alors un jour, il se décide. Avec son argent, maigres économies
d’une dizaine d’années de travail, il part. Il quitte Myriam, qui lui répète
pourtant que rien de bon ne peut sortir de tout cela. « Je ne pouvais
pas rester, j’avais l’impression que je n’arriverais jamais à rien, de
travailler pour des projets qui n’aboutiraient pas. Ouaga ma sortait des yeux. »
Il gagne Tanger, prend en visage le choc de la mer qu’il n’avait encore
jamais vue. Dans un café, près du Cap Malabata, il trouve de quoi « s’embarquer. »
De mon pécule, il ne reste déjà presque rien. La traversée est un enfer. Sur
une coque de noix surchargée, il est ballotté des heures durant, croit se
noyer vingt cinq fois, accueille sur ses genoux l’enfant d’une femme blême
qui lui vomit dessus. Il est jeté sur la cote espagnole, épuisé près de l’Algésiras.
A pied et en stop, il remonte l’Espagne, remonte les Pyrénées, atterrit à
Paris alors qu’il n’y croyait plus. Voilà plus de deux mois qu’il est
parti.
Un an plus tard, Oumar n’a toujours pas de travail. De la France dont
il rêvait, il a surtout découvert les systèmes sociaux, l’art de la débrouille,
une survie plus âpre que celle qu’il a fuit. Son rêve aujourd’hui, c’est
de rentrer au pays. Ils sont à l’autre extrême de l’échelle économique : étrangers, clandestins, réfugiés politiques en attente de la reconnaissance de leur statut. Encore minoritaire, parmi les SDF dont 86% sont français, les étrangers à la rue sont pourtant de plus en plus nombreux. Le Samu social, très présent en Ile de France, reçoit de plus en plus de personnes n’ayant aucun titre de séjour… Sans titre de séjour ni papiers officiels, ils n’ont ni aide sociale ni prestations légales. Le travail noir est leur seule porte de secours. Les mères se font retirer leurs enfants. L’aide au retour dans le pays d’origine est souvent refusée à ceux qui, comme Oumar, sont seuls. La honte de rentrer au pays les mains vides les bloque sur place. Et le sort de ceux qui sont venus illégalement n’est pas toujours appréciable (…) » Combien sont-ils ces Oumar, sous les tropiques rêvant de la France et prêts à tout pour s’aventurer à venir dans l’Hexagone, abandonnant tout pour des projets utopiques ? |
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