Comité de quartier des Baumettes

"Nice-Matin" du 8 août 2000

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Téléphone portables : une onde d'inquiétude

La multiplication des antennes-relais alarme les riverains. Et ce d'autant plus que certaines sont implantées à proximité des écoles

Quatre cents millions d'utilisateurs de téléphones mobiles dans le monde, 22 millions en France et...beaucoup d'antennes-relais à Nice.

Pour améliorer la couverture de leur réseau, Itinéris (France Télécom), SFR (Cégétel) et Bouygues Télécom (Bouygues) multiplient les installations de relais sur les toits de la ville.

Une tendance qui est en train de se confirmer puisque SFR et Itinéris viennent d'obtenir l'autorisation d'utiliser le réseau en 1 800 MHz (Méga Hertz), jusqu'ici réservé à Bouygues Télécom.

" Nous sommes en train de doubler notre réseau GSM 900 MHz avec le 1 800 MHz sur Nice " confirme Yves FADE, directeur délégué pour la région Méditerranée chez Cégétel (SFR). " Ce qui implique la pose de nouveaux relais, plus petits (environ 30 cm) que pour le 900 MHz mais plus nombreux. "

Itinéris a déjà réalisé cette opération, " tout le département étant déjà bi-bande " révèle Jean-François GATIMEL, directeur de la communication chez France Télécom.

Aucun des trois opérateurs ne souhaite dévoiler le nombre exact de ses antennes-relais sur Nice.

Tout juste avance-t-on chez Bouygues qu' " il faut une antenne tous les 300 à 600 mètres, selon le relief, pour couvrir une ville " et Jean-François GATIMEL, estime qu'il faut plus de 100 antennes pour couvrir une ville comme Nice.

La multiplication de ces installations relais commence à inquiéter une partie de l'opinion publique. Les ondes ne seraient-elles pas dangereuses pour la santé ?

Le Procureur de la République saisi

A Nice, les deux comités du quartier Baumettes viennent de saisir le Procureur de la République pour lui demander d'ordonner l'enlèvement de six antennes Itinéris, situées au 9 boulevard François Grosso, juste en face de l'école des Baumettes. Selon eux, ces antennes seraient installées sans autorisation. Il semble cependant que la réglementation actuelle ne rende pas obligatoire une demande d'autorisation pour ce type d'installations (voir ci-contre).

Jean-François KNECHT, conseiller général, groupe socialiste, s'oppose depuis longtemps aux antennes implantées à proximité des écoles Saint-Sylvestre, du Château et de Ventabrun. " Je soutiens la proposition de loi tendant à éloigner les antennes-relais des écoles, des crèches, des hôpitaux et des maisons de retraite. Je souhaite, par ailleurs, que cette loi s'applique aux installations existantes. "

Le peu de recul dont dispose la science ne permet pas d'affirmer avec certitude qu'il existe un risque lié à l'exposition aux champs électromagnétiques de téléphones portables ou d'antennes-relais. A contrario, rien ne permet d'affirmer l'inverse. En attendant une nouvelle réglementation et l'avancée de la science, ne serait-il pas plus sage de respecter le principe de précaution en la matière ?

Un principe qui semble être appliqué chez nos voisins européens puisqu'en Suisse, il existe un périmètre de sécurité de 20 mètres autour d'une station-relais, un chiffre qui passe à 30 mètres en Belgique et à près de 100 mètres en Italie et en Ecosse. En France ce périmètre n'est que de 2,5 mètres ! Et encore, cette zone de sécurité n'est qu'une recommandation de l'opérateur SFR.

Devant tant d'inquiétudes et d'interrogations, Bouygues Télécom vient de lancer un site Internet sur le sujet (1). Chez Cégétel, " on est tout à fait d'accord pour fournir tous les éléments nécessaires à une étude sérieuse diligentée par un cabinet indépendant ", précise Yves FADE. Quant à France Télécom, l'opérateur a créé une cellule à partir du département négociations et environnement pour traiter toutes les questions sur ce sujet.

Mais pour le moment, les trois opérateurs s'en tiennent à la même version : rien ne permet de conclure à la nocivité des ondes.

1. www.bouyguestelecom.fr\sante

Réglementation et conseils

Selon le code de l'urbanisme : " n'entrent pas dans le champ d'application du permis de construire les antennes d'émission ou de réception de signaux radioélectriques dont aucune dimension n'excède 4 mètres. "

C'est en vertu de cet article du code de l'urbanisme que les opérateurs peuvent installer un certain type d'antennes sans autorisation autre que celle du ou des propriétaire(s) du bâtiment.

Par conséquent, la mairie ne peut pas intervenir quand ces relais sont installés sur des bâtiments privés.

En revanche, lorsqu'un opérateur désire implanter ses installations sur un bâtiment communal, il doit en faire la demande à la mairie.

De même, lorsqu'il s'agit d'un site protégé, un comité se réunit en présence représentant l'Etat (l'architecte des bâtiments de France) et de représentants de la Ville avant d'autoriser ou non l'implantation.

Réaction des pouvoirs publics

Devant la prolifération des antennes-relais, la direction générale de la Santé et le secrétariat d'Etat au Logement publiaient conjointement en avril 1999, la lettre DGS/VS3 n°187 et la circulaire n° 99-31. Ces documents traitent de " l'installation de stations de base de téléphonie mobile sur les balcons d'immeubles HLM ".

Ils préconisent des évaluations de champs électromagnétiques dans l'environnement des stations relais existantes et des mesures de précautions particulières lors de leur implantation. Ils signalent surtout que " lorsque les émetteurs sont fixés sur des balcons, cela devrait conduire à une restriction totale ou partielle de ces balcons voire dans certains cas, à une condamnation de certaines pièces d'habitation. "

Dans ces documents, rien sur les immeubles n'étant pas des HLM, rien sur les maisons particulières, rien sur l'application de ces conseils.

En France, une dizaine d'affaires judiciaires liées à la présence de stations relais sur les toits sont en cours. Les tribunaux ont déjà statué sur deux d'entre elles, concluant que ces appareils présentent un risque. Il a été fait appel des deux jugements.

Selon des études initiées en Europe du Nord, les enfants, les malades et les personnes âgées constitueraient (mais sans certitude scientifique) une population plus sensible. Ici, les antennes-relais Itinéris sur le toit du bâtiment France Télécom sont situées juste en face de l'école des Baumettes.

Des antennes-relais ont également été installées sur les toits des immeubles à Bon Voyage. Devant cette prolifération, des documents officiels traitent de " l'installation de stations de base de téléphonie mobile sur les balcons des HLM ". Mais rien sur les autres habitations ou maisons particulières.

Ludovic LAURENTI

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