EXTRAITS CHOISIS

Georges Charles Brassens est né le 22 Octobre 1921 à Sète. Son oeuvre, même s’il déclarait lors d’une émission télévisée ‘je n’embitionne pas de faire une oeuvre, mais simplement d’écrire des chansons et de les chanter et si ça peut procurer du bonheur aux gens j’en serai heureux’, a traversé les années sans vieillir. Mon but dans cette page, est de vous faire découvrir des vers qui mettent en évidence toute la verve de Brassens. Dure tâche que de faire un  choix et de contenir son envie de recopier toute l’oeuvre... LA MORT

Brassens avait pour habitude de rire de la mort, la camarde comme il l’appelle dans ses chansons, et même de la rendre gentille (oncle Archibald). Il écrit d’ailleurs dans Supplique pour .... ‘La camarde qui ne m’a jamais pardonné d’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez me poursuit d’un zèle imbécile...’ Jamais je ne parviens / à prendre la mort comme elle vient / j’suis un pauvre fossoyeur... S’il faut aller au cimetière / j’prendrai le chemin le plus long / j’ferai la tombe buissonnière / j’quitterai la vie à reculons Tant pis si les croq’morts me grondent / tant pis s’ils me croient fou à lier / je veux partir pour l’autre monde Par le chemin des écoliers. TENDRESSE

Chemin faisant que ce fut tendre / d’ouïr à deux le chant joli / que l’eau du ciel faisant entendre / sur le toit de mon parapluie J’aurais voulu, comme au déluge / voir sans arrêt tomber la pluie / pour la garder sous mon refuge / 40 jours 40 nuits... Sous le jupon de la pauvre Hélène, / sous son jupon mité, / moi j’ai trouvé des jambes de reine / et je les ai gardées. Et quand il tombe amoureux fou / y’a pas de danger qu’il l’avoue / les effusions : dame il déteste Selon lui mettre en plein soleil / son coeur ou son cul c’est pareil / c’est un modeste... On effeuilla vingt fois la marguerite / elle tomba vingt fois sur ‘pas du tout’ Et notre pauvre idylle a fait faillite / il est des jours où Cupidon s’en fout... COQUINES...

Gloire à la bonne soeur qui par temps pas très chaud / dégela dans sa main le pénis du manchot Et gloire à Don Juan qui fit reluire un soir / ce cul déshérité ne sachant que s’asseoir... Or, un soir, Dieu du ciel, protégez-nous ! / la voilà qui monte sur les genoux / du croque-note et doucement soupire En rougissant quand même un peu / ‘C’est toi que j’aime, et si tu veux, tu peux / m’embrasser sur la bouche et même pire’ La mignonne allait aux vêpres / se mettre à genoux / alors j’ai mordu ses lèvres / pour savoir leur goût Elle m’a dit d’un ton sévère / qu’est ce que tu fais là ? / mais elle m’a laissé faire / les filles c’est comm’ça... Un tablier de sapeur ma moustache, pensez / cette comparaison méritait la fessée / retroussant l’insolente avec nulle tendresse Conscient d’accomplir somme tout un devoir / mais en fermant les yeux pour ne pas trop en voir Paf j’abbattis sur elle une main vengeresse / Aie vous m’avez fêlé le postérieur en deux / se plaignit elle et je baissai le front piteux Craignant avoir frappé de façon trop brutale / mais j’appris par la suite et j’en fus bien content Que cet état de choses durait depuis longtemps / menteuse, la fêlure était congénitale... J’ai perdu mes bajoues, j’ai perdu ma bedaine / et ce d’une façon si nette si soudaine Qu’on me suppose un mal qui ne pardonne pas / qui se rit d’Esculape et le laisse baba (...) Si j’ai trahi les gros les joufflus les obèses / c’est que je baise que je baise que je baise Comme un bouc, un bélier, une bête, une brute / je suis hanté le rut, le rut, le rut, le rut Une dame du monde et qui souvent me laisse / faire mes quatre voluptés dans ses quartiers d’noblesse M’a sournoisement passé sur son divan de soie / des parasites du plus bas étage qu’il soit Sous prétexe de bruit, sous couleur de réclame / ai-je le droit de ternir l’honneur de cette dame En criant sur les toits et sur l’air des lampions / Madame la Marquise m’a foutu des morpions. IMPERTINENCES

Mourir pour des idées, l’idée est excellente / moi j’ai failli mourir de ne l’avoir pas eue... Les hommes sont faits, nous dit-on / pour vivre en bande comm’ les moutons Moi, j’vis seul et c’est pas demain / que je suivrai leur droit chemin... Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on / est plus de quatre on est une bande de cons...