Comité de quartier des Baumettes

"Vianice" du 4 mai 2001

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Télécommunications : les habitants des Baumettes contre l'intoxication

À ma gauche, le géant français des télécommunications, j'ai nommé : France Télécom (dont le champion se trouve quelque part derrière une fenêtre du bâtiment marron)... à ma droite : l'école des Baumettes dont les enfants sont défendus par Jean-Christophe PICARD (en maillot jaune sur la photo). Le combat se déroulera jusqu'à épuisement total de l'adversaire, le vainqueur aura le privilège de décider du maintien ou de la suppression de six antennes-relais destinées aux téléphones portables.

Les arguments des deux adversaires ne sont pas très éloignés : une dizaine de mètres seulement. Quelques pas suffisent à traverser le Boulevard Grosso mais il va de soi que l'on a deux points de vue totalement opposés selon le trottoir sur lequel on se trouve. Du côté des bureaux de France Télécom, on ne regarde pas les antennes car on les a sur la tête (ou sur le toit) ce qui évite de remettre en question la présence de ce dispositif essentiel au maillage d'un réseau de télécommunication d'utilité publique. Côté école, les parents ne voient en revanche plus que ces machins arrosant en ondes nocives la cour de récréation cour de récréation et s'inquiètent : les antennes-relais provoquent-elles tumeurs et cancers comme l'affirment certains scientifiques ?

L'arbitre devra malheureusement trancher un subtil problème de dialectique : pour France Télécom, il n'est pas nécessaire d'enlever les antennes-relais car il n'a pas encore été prouvé qu'il y a bien danger. C'est au contraire parce que France Télécom est dans l'incapacité de prouver qu'il n y a pas danger que le président du comité de quartier (toujours en maillot jaune) exige que les antennes-relais soient éliminées.

Quels que puissent être les dommages et intérêts obtenus, l'enjeu de cette affaire dépasse très largement l'anecdote mouvement de quartier contre multinationale. Il s'agit de savoir si le principe de précaution doit être appliqué ou non. Non seulement la majorité des niçois est exposée sans forcément en être informé mais l'issue du bras de fer engagé dans le quartier des Baumettes pourrait ouvrir (ou fermer) une brèche juridique. Si une jurisprudence appliquant le principe de précaution en matière d'antennes-relais est créée, rien n'empêche de la faire valoir dans d'autres domaines liés à la santé publique comme la pollution ou le bruit. Devançant la lenteur administrative de l'État français, les communes de Vallauris puis Mouans-Sartoux ont déjà appliqué le principe de distance minimum de précaution en matière d'antennes-relais.

Pour arriver au même résultat à Nice, aidé de Rose-Marie ALLÉGRET, vice-présidente du Comité de quartier des Baumettes, Jean-Christophe PICARD entend non seulement mener à son terme la plainte pour « mise en danger d'autrui » intentée à France-Télécom, mais aussi informer toute personne ignorant les conséquences d'une implantation sauvage des antennes-relais. Il est une des rares personnes à avoir accompli le tour des médias niçois, mais cela n'est pas assez car au rayon « ennemi public numéro un » la concurrence est rude, si bien que le danger des antennes-relais émeut moins que la Taxifolia, le nuage de Tchernobyl ou les tags.

« Appliquer le principe de précaution », par Jean-Christophe PICARD :

« Ce qui touche le plus de gens pour le moment est la moins-value immobilière que peuvent causer ces systèmes mais ils ne savent pas que cela est dangereux. Convaincre une seule personne est un travail pédagogique de longue haleine. Pour le moment les enfants sont en bonne santé mais au bout de combien de temps les conséquences peuvent-elles s'aggraver ? Les chercheurs disent qu'il faut éviter une exposition prolongée aux antennes-relais à moins de 300 mètres. Le député-maire André ASCHIERI, qui est l'auteur de la loi Santé-Environnement, propose d'éloigner les antennes-relais des endroits sensibles : crèches, hôpitaux, maisons de retraites... On est relativement timide en France car de nombreux pays ont officiellement reconnu la dangerosité de ces installations : des études ont été faites puis leurs gouvernements ont légiféré et adopté une distance de précaution de 30 à 300 mètres. Nous demandons la même chose en France. Je reçois des courriels de la France entière, c'est impressionnant ! Les copropriétaires me demandent quelle attitude ils doivent adopter, d'autres comités de quartier essayent de coordonner leur action avec la notre.

Le problème n'est pas seulement épineux aux Baumettes. Il y a par exemple une antenne-relais installée sur le toit de l'école du Château à Nice ! A Ventabrun, suite aux plaintes des riverains, l'opérateur Télécom concerné a planté un arbre entre l'école et l'antenne-relais, évidemment sans effet car les ondes ne sont pas arrêtées par un arbre. La mairie de Nice a une grande responsabilité dans ce domaine puisqu'elle peut s'opposer à l'implantation d'antennes-relais au travers des déclarations de travaux qui lui sont adressées pour ces équipements. En ce qui concerne l'antenne des Baumettes, cette procédure n'a même pas été respectée. L'antenne a été montée en catimini pendant les vacances scolaires, si nous ne l'avions pas vue, personne n'aurait été informé. La mairie devrait donc constater l'infraction et la faire enlever. La Ville de Nice s'est engagée à limiter l'implantation de nouvelles structures mais il est trop tard : elles sont déjà partout ! Nous avons recueillis 500 signatures dans le quartier pour l'enlèvement de cette antenne. 

Pourquoi ces installations seraient-elles dangereuses dans d'autres pays et pas en France ? Je pense que les opérateurs cherchent à gagner du temps, quitte à perdre de l'argent au terme d'un long procès car ils auront alors eu le temps de développer une technologie alternative sur laquelle pèsera moins de suspicion. Les sommes en jeu sont énormes : d'après le journal Le Monde, Bouygues Télécom fait autant de chiffre d'affaire que le reste du groupe en seulement quatre ans d'existence. Leur attitude est honteuse ! Ils exploitent les failles de l'administration française et la lente mobilisation de l'opinion publique. Il n'existe aucune cartographie ! On sait seulement que 12 000 antennes-relais ont été implantées en France. Si on découvre des problèmes de tumeurs, il faudrait impérativement que l'on connaisse cette répartition de façon précise. »

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