POEMES DE REMY


(merci Rémy)

Attention! Ame sensible s'abstenir !!!

L'expérience de la mort peut-elle être enrichissante?

 



LA XIII ème HEURE

J’entendais les clapotements réguliers
Des gouttes de pluie qui tombent à flots
Les pas lents des chevaux
Que suivait une foule aux visages si familiers
Les sanglots mêlés aux gémissements
Sans voir ces têtes d’enterrement.
Pour eux, le monde entier s’était écroulé
Comme si la terre ne voulait plus tourner
Mais la vie suivait indifféremment son cours
Insensible à leur douleur et à leur amour.

Le cortège sortait de la ville
Et avançait glacé par ce froid mortel
Vers le cimetière de la chapelle
Perdue au milieu des champs de camomille
Tandis que je dormais la paix en moi
Beau mais pas trop à l’aise dans mon linceul
Dieu merci, ils ont mis un oreiller dans mon cercueil
Si seulement je n’y étais pas un peu trop à l’étroit!
Et puis il fait noir si sombre
Seul sans même mon ombre
J’ai si froid dedans
Encore plus en dedans.

Je sentît soudain mon lit secoué
Sur la pierre froide, cogné
J’entendais des voix ô combien solennelles
Et des pleurs qui reprenait de plus bel
Un bruit mât d’un trou que l’on referme
ça n’hérissait même plus mon épiderme
Les pas qui s’éloignèrent du cimetière
Me laissant seul condamné à retomber en poussière.

Je pense, mes amis se réunîrent le soir
Pour boire une dernière fois à ma mémoire
Levant leurs verres bien haut
Alors que je passais ma première nuit au caveau...
Libéré de toute crainte et de toute peur
Seul en mon éternelle demeure.

Mais pourquoi craindre autant la mort?
Cet instant où paniquent même les plus forts
Ce n’est qu’une main qui abaisse vos paupières
Une voûte entre vous et la lumière
Les derniers baisers d’adieu sur vote front
Un prêtre, une messe et un long sermon
Votre corps qui reste sous terre
Et votre âme qui se libère.

J’ai fermé les yeux ébloui
Par cette lumière qui s’étendait à l’infini
Par ce feu d’intensité vive
Face auquel tout démon s’esquive
Mon âme réchauffée par sa chaleur
Mes pensées inondées de bonheur.
Etait ce là le tunnel tant vanté?
Il m’était si facile de me laisser aller...

J’entendais les voix enchantées
des créatures célestes ailées
Les rires et les chants des enfants
Qui couraient et se roulaient dans les champs
Le son grandissant des trompettes divines
La gloire de Dieu qui illumine.
Cette lueur m’appelait à trépas
Et pourtant quelque chose me retenait ici bas.

Je me suis souvenu de mes proches, des vivants, de mes amis
Et je me suis dit qu’il était temps que je revienne
Que je revienne d’entre les morts à la vie
Finir cette vie inachevée qui est la mienne.
Je me suis dit Rémy, tu n’as pas le droit de partir
Ton heure n’est pas encore venue de mourir
Le chemin qui est ta vie, tu dois le finir
Jouir de toutes les joies et de tous les plaisirs
Goutter à tout, toucher à tout
Vivre intensément
Vivre tout simplement
Parcourir le monde comme un fou
Aller jusqu’au bout de tes passions
Vivre d’amour et de compassion
Car ce n’est qu’après avoir vécu tous ces bonheur
Que pourra venir la dernière heure.
De toute façon nul n’est éternel
Alors viendra l’heure de quitter cette enveloppe charnelle
De rendre son dernier souffle de vie à la mort
Et l’heure ultime ne sera pas aux remords
Car il sera à jamais trop tard
Trop tard même pour exhausser sa dernière prière
Cette fois rien ne nous laissera faire marche arrière
Pas même le temps d’envoyer ses faire-parts
Il faudra quitter ce monde sans se retourner
Quitter tous nos chers tant aimés
Toutes térrestréités ne seront que boulets à nos pieds
Et autant de chaînes à scier.
Tout regret de quitter ce monde
Ne sera que regret sur quoi l’enfer se fonde.

(Rémy F, Janvier 1998)