Extrait de la lettre de Monsieur Thierry Heckmann à la municipalité de Cormont La légende veut quun Anglais persécuté, Guduvale, se soit réfugié, accompagné de cent quatre-vingt disciples, en Morinie au IVe siècle et quil ait fondé un monastère à Cormont. Sagit-il du Breton Gudwal, évêque missionnaire de lArmorique au VIe siècle dont les reliques furent transférées au Xe siècle à Gand via la Picardie ? Je nai pas eu le temps dexaminer cette tradition, mais il est sûr que lAbbaye de Saint-Bertin (à Saint-Omer) fut possessionnée au IXe siècle à Cormont. Vous pourriez en évoquer le souvenir. Ses armes étaient de gueules à lescarboucle pommetée et fleur de lisée dor, le rai en pal crossé aussi dor. N.D. de Boulogne possédait une partie de la dîme (attesté en 1129) et sans doute un fonds (hospites et terram de Cormont, 1208), labbaye de Samer y avait une petite dîme en 1728. Les mentions les plus anciennes de personnages possédant terres ou fiefs à Cormont remontent à 1292. W. Guillaume ? Dumoulin en tenait alors du comte de Boulogne. La terre relevait principalement de la châtellenie de Longvilliers; elle était en partie entre les mains de Pierre La Personne au début du XIVe siècle, qui détenait aussi le patronage de la cure (droit de présentation à lévêque dun candidat à la cure), mais celui-ci fut confisqué le 22 mai 1319 par Gaucher de Châtillon, connétable de France et lieutenant du roi aux frontières de la Flandre, et remis à Eulard de Nieles. Cormont relevait aussi en partie de Tingry et appartenait à la fin de XVe siècle aux Courteville. Jacques de Courteville, seigneur en partie de Cormont, céda cette terre à son fils Jean en 1492. Cormont est encore cité en 1524 parmi les titres de Henri de Courteville, bailli de la ville de Lille, mais ce fief relevant de Tingry passa peu après à Oudart Dumoulin qui en fit la déclaration en 1540, et après lui, à Philippe Dumoulin, marié à Marguerite de Bournonville. Y a-t-il un lien entre W. Dumoulin, arrivant en 1292 et Philippe Dumoulin ? Cest en tout cas ce dernier qui tenta de faire de Cormont une véritable seigneurie en rassemblant le plus de terre. Il réunit les fiefs relevant de Tingry et de Longvilliers, le plus important de ces derniers sappelant le Bois de la Tour, et il obtint le 4 mars 1550 ou 1554 du seigneur de Longvilliers lautorisation pour lui et les siens de se dire seigneur de Cormont, sans toutefois pouvoir en porter le nom, et de mettre ses armoiries dans léglise et, où il voudrait. Son fils Jean Dumoulin, mort le 14 mai 1582, hérita du tout et fit fondre en 1577 une cloche qui portait son nom et son titre de fondateur de léglise. Cette cloche fut refondue en 1848 par un fondeur ambulant, Bécus, puis refondue à nouveau en 1872. Je nai retrouvé quune allusion aux armes des Dumoulin qui portaient trois anilles (des fers de meule à moulin consistant en deux demi-cercles adossés et reliés par deux barres transversales (cf. Epigraphie, t. III, p. 227). La seigneurie de Cormont fut partagée à la mort de Jean Dumoulin qui habitait Boulogne, entre Jacques de Cauroy, Oudart de Roussel et Jean de Roussel qui réussit à la réunir de nouveau. Il était capitaine et gouverneur du château dHardelot. Sa fille, Antoinette de Roussel, dame de Cormont, épousa Jacques de Fontaines, seigneur de Neuville-au-bois, dont les descendants furent nombreux à porter le titre de seigneur ou de demoiselle de Cormont et à sen partager la terre. Marie Marguerite de François, dame de Cormont tenait au moins le Bois de la Tour ; elle est citée comme telle en 1765 et en 1782 avec son mari, le marquis dEcuires, Ambroise-Emmanuel-Antoine de Partz de Pressy. Les Fontaines portaient dor à trois écussons de vair, deux et un. Je ne vois pas de liens entre les Fontaines et les du Tertre. Une branche cadette habitait déjà Cormont au XVIIe siècle, les du Tertre dEscoeuffent. Anne de Loynes, veuve de Centurion du Tertre, porte le titre de dame dEscoeuffent et de Cormont en 1629 dans un bail de la ferme de Cormont. Cependant cette branche étant fidèle à la « religion prétendue réformée », elle sexila en Hollande après la Révocation de lEdit de Nantes. Seule Jacqueline du Tertre, dite Mlle du Mesnil, qui voulait épouser son cousin catholique Antoine du Tertre de Beauval, capitaine au régiment des gardes de S.A. Electorale larchevêque de Cologne, resta en France. Elle senfuit de chez elle et se réfugia à lhôtel-Dieu de Montreuil où elle abjura au parloir duquel fut passé le contrat de mariage le 1er décembre 1685. Les biens de ses frères, religionnaires fugitifs, furent confisqués et lui furent remis. Son petit fils Louis-Alexandre, vicomte du Tertre, mort en émigration le 2 février 1798 à Brunswick, est enterré dans léglise de Cormont au côté de sa deuxième épouse, Andrée-Françoise-Maximilienne de Fléchin, née comtesse dHust et du Saint-Empire. Leur dalle funéraire posée dabord dans le chur puis relevée en 1921 contre le mur intérieur de la tour par le comte Edmond du Tertre, porte les armes des du Tertre, dargent à trois aigles éployés de gueules deux et un, becquées et membrées dazur. Cette famille occupait déjà au XVIIIe siècle le château de Cormont-Dessus. Je rappelle pour mémoire les noms de deux familles anciennes qui nont cependant jamais prétendu au titre de seigneur de Cormont : les Levasseur de Fernehen qui tiennent ce fief depuis le XVIe siècle, et antérieurement les Mannais. Jean de Mannais demeurant à Cormont, est reconnu bâtard du seigneur de Longvilliers en 1476. En 1577 un autre Jean de Mannais, sieur de Camps, marié à Marguerite de Fienne, fait mettre son nom sur la cloche de Cormont avec Jean Dumoulin, seigneur du lieu. Cest lui sans doute qui fonda la chapelle Saint-Vincent dans léglise. Enfin Rodière a vu à la droite du chur des armes quil nattribue à personne : parti dun lion et de deux bars adossés, ou, à laigle à deux têtes (mal faites précise-t-il). Plus intéressant est ce détail « féodal » quil a relevé dans un acte darrentement dune maison , remontant à 1550 : elle était frappée entre autres redevances dun soulier au pied du sieur de Cormont. Ce détail caractéristique peut être repris dans vos armes et évoquerait une coutume locale na rien dincongru.Vous pouvez choisir parmi différentes combinaisons possibles de rappeler les manants par le soulier dû au seigneur que je placerai de préférence dans le tiers inférieur de lécu appelé champagne ; Saint-Bertin qui vaut à Cormont sa mention historique attestée la plus ancienne, portait des armes rayonnantes que lon peut surcharger dun écusson aux couleurs de lune des trois familles seigneuriales successives du lieu. Enfin, un autre parti, en renonçant au rappel de Saint-Bertin , permet de rappeler les trois familles .
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