Olivier ZUNZ
Le siècle américain, essai sur l'essor d'une grande puissance
Fayard, 2000, 270 p., 130 F.

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Le « siècle américain », salué par Henry Luce dans un éditorial de Life en février 1941, est l'aboutissement d'une évolution qui en quelques décennies a fait des Etats-Unis un géant économique, une superpuissance politique et un modèle culturel. L'auteur s'attache ici à chercher l'explication de cette performance remarquable dont il mesure aussi les faiblesses. L'essor de la puissance américaine, explique-t-il, a reposé sur deux grands projets complémentaires, l'un d'ordre économique, l'autre d'ordre politique. Pour perfectionner un système économique fondé sur le primat des grandes affaires et fonctionnant à l'échelle du pays tout entier, les Américains ont dû inventer de nouvelles technologies, construire d'énormes usines, mobiliser et déplacer la main-d'oeuvre, investir dans la recherche et mettre au point de nouvelles organisations. Ils ont voulu en même temps ouvrir leurs institutions politiques. Il ne s'agissait pas seulement pour eux de construire une société industrielle, mais également d'élargir l'espace public, d'ouvrir la démocratie encore fermée à une grande partie de la population, surtout aux femmes et aux minorités. Une collaboration féconde entre chercheurs des grandes universités, hommes d'affaires imaginatifs et administrateurs éclairés a présidé à la mise en oeuvre de ces projets. Les résultats ont été l'émergence d'un système de production et de consommation de masse sur lequel est venue se greffer une politique keynésienne et l'invention de l'« Américain moyen ». Le rêve était celui d'une société débarrassée des conflits de classes par la quête du bien-être matériel et la poursuite du bonheur individuel. Avec ses imperfections et ses défauts, cette transformation interne a permis aux Etats-Unis de faire irruption sur la scène mondiale. Mais elle ne leur a pas évité des fractures et des déchirements qui sont venus démentir l'optimisme des refondateurs de la démocratie américaine au XXe siècle.

Michel Taillefer

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