James BALDWIN
La Conversion
Traduit de l'anglais (USA) par Michèle Albaret-Maatsch. Payot/Rivages, 1999, 256 pages, 125 F.

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Rarement écriture aura porté un peuple comme l'écriture de Baldwin a porté le destin du peuple noir américain. Ses romans et essais gardent la trace d'années de luttes et de souffrances, d'exils incessants sur une terre hostile. Dans l'oeuvre immense de l'écrivain noir, La Conversion – premier roman, publié en 1953, aujourd'hui réédité dans une nouvelle traduction – mérite une place à part. Brûlant comme une incantation, habité comme une prière, ce livre, rythmé par les versets de la Bible, évoque quelques jours dans la vie d'un jeune noir de Harlem, John Grimes, sosie du jeune Baldwin. Dans la petite église où prêche le beau-père de John, les corps se tordent au son des tambourins, les voix se libèrent sous l'action du Verbe, et le Jugement descend d'en-haut, bénissant les uns et laissant les autres à leur perte. Ecartelé entre le spectacle des saints et celui de Broadway, le jeune bâtard ne sait quelle voie suivre pour devenir enfin quelqu'un. Au cours d'un office nocturne qui durera jusqu'au petit matin, John Grimes, entouré de sa famille, connaît sa nuit de l'âme. Il tombe, tombe toujours plus bas, ne cesse de tomber, tandis que montent les voix de sa tante, de sa mère et de son beau-père, entonnant à tour de rôle le chant de leur vie, chant de réconciliation ou chant de trahison, chant d'amour et chant de haine. C'est alors qu'une voix s'adresse à John « à travers la fureur, les pleurs, le feu, les ténèbres et les eaux : Oui, dit la voix, passe de l'autre côté. Passe de l'autre côté. »

Philippe Chevallier

Décembre 1999 : Revue des Livres - Choix de Disque - Sommaire du numéro

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