Druyes-les-Belles-Fontaines et les châteaux sur plans carrés de l'Yonne

Le n°17 (Mars 2001) de la revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré aux châteaux à plan carré et flanquements circulaires d’angle dans le département de l’Yonne. L’étude est présentée à l’occasion du 7e Congrès Castellologique (Auxerre) en mai 2001. Le choix d’un plan quadrangulaire ne va pas de soi. Il n’est pas le plus aisé à mettre en oeuvre ni le plus facile à défendre ; et que dire quand il est introduit sur des sites de relief peu appropriés ? L’option de traiter dans l’aire icaunaise un problème qui concerne toute la castellologie européenne est motivé par le spectaculaire monument de Druyes-les-Belles-Fontaines qui est l’un des plus précoces.

C’est le roi qui d’abord s’approprie cette forme qui, depuis l’Antiquité romaine, désigne le siège de l'autorité de droit divin. L'architecture chrétienne a adopté cette idée et il n’est pas exceptionnel de voir dans l'iconographie Jérusalem représentée ainsi. L'abbé Suger de Saint-Denis n’est certainement pas étranger à son application dans la résidence royale, car il est connu pour sa volonté d’adapter la pensée scolastique à l’architecture. Une partie de l’étude est consacrée au déroulement du chantier du château de Druyes qui présente des particularités intéressantes. Le problème est posé par la recherche d’un modèle royal plus abouti, avec les flanquements d’angle empruntés aux constructions byzantines, mis au point par Philippe-Auguste. Or, Druyes n’est pas un château royal et son architecture ne peut être liée qu’à la qualité de prince du sang de son constructeur.

L’autorité royale ne marque pas seulement le paysage par les châteaux qu’elle bâtit directement, mais aussi, à partir de la fin du XIIIe siècle, par ceux élevés à travers tout le territoire par ses grands officiers. Après quelques générations, ce procédé a pour conséquence une certaine banalisation et son inévitable abandon comme symbole exclusif pour les centres de commandement souverains. Son transfert vers les petites seigneuries est néanmoins prudente et progressive et on se contente longtemps d’un flanquement partiel ou de tourelles sur contreforts. Ce n’est qu’au XVe siècle que l’adoption du plan carré à tours d’angle peut s’effectuer pour une majorité de maisons-fortes. C’est alors un phénomène très révélateur : le modèle est si prégnant depuis si longtemps qu’il permet sans conteste l’identification d’un «château», même si les moyens mis en oeuvre sont assez modestes.

 

99 illustrations, photos, gravures et plans.

 

L'auteur : Charles-Laurent SALCH

 

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