RECITS DE VOYAGE EN INDE


 

8 juillet 1970 :

  New Delhi (Inde)

Je suis arrivé en Inde, en juillet 1970; dès la descente de l'avion, je me suis senti vraiment dépaysé comme si j'étais catapulté dans une autre dimension, dans le temps, mais dans un passé lointain.
Autour de la vieille ville de Delhi, les Britanniques ont aménagé, à la fin de la période coloniale, entre 1912 et 1929, une cité moderne, NewDelhi. Celle-ci est devenue la capitale de l'Inde britannique en 1912 avant de devenir celle de l'union indienne en 1947. Ici, le quartier des ministères, dans l'avenue Raj Path.

Dès que je suis sorti de l'aéroport, les taxis affluèrent, mais notre agence de voyage nous avait réservé un petit car; je suis monté à bord et la visite de la ville a commencé; ce qui m'a surpris le plus c'est de voir en plein centre ville, d'un coté de la rue, des maisons splendides, bâties par les Anglais avec des jardins magnifiques et de l'autre côté, les bidons villes des gens pauvres; cahutes faites de planches et de tôles assemblées, sous lesquelles des personnes étaient accroupies; c'est le paradoxe de l'Inde, la splendeur et la misère se côtoient sans cesse.

 

10 JUILLET 1970 :

  Rishikesh

Je vais vous conter une curieuse anecdote qui m'est arrivée lors de mon séjour en Inde; j'étais à l'ashram de Sivananda situé sur les bords du Gange; c'était le tout dernier jour de notre séjour et nous avons improvisés pour aller se balader de l'autre coté du fleuve dans la jungle; nous avons traversés le Gange en bateau non sans quelques angoisses car le fleuve était au maximum et avait commencé à déborder sur les rives; nous étions à l'époque de la mousson; enfin, on arriva sans difficultés de l'autre coté de la rive;

une longue marche commença et après avoir marchés pendant plusieurs heures, certains amis et amies manifestaient des signes de fatigue et votre serviteur commençait à avoir mal aux pieds car j'avais eu la fâcheuse idée de prendre des baskets sans mettre de chaussettes; on ne se refait pas; tous, nous en avions plus qu'assez, et d'un commun accord, on s'apprêtait à faire demi-tour, lorsque nous aperçûmes comme par enchantement, une maison au milieu des arbres; c'était un ashram .  Un Yogi, très vieux, sans âge, vint à notre rencontre et nous souhaita la bienvenue; nous avons parler un peu de tout, mais beaucoup yoga; en plus il connaissait l'astrologie indienne et c'est maintenant que j'entre dans le vif du sujet : il nous parla d'un curieux livre qui se trouvait à Bénarès dans un temple : ce livre à la particularité lorsqu' une personne l'ouvre, de lui voir révéler son passé, son présent, son avenir dans les pages qu'elle consulte; mais la où cela devient intéressant, le livre n'a que des pages blanches et ce n'est que lorsqu'une personne le consulte, après un certain temps d'attente, que les pages s'animent.   J'avais pris connaissance de ce fait dans un ouvrage il y a de nombreuses années en arrière mais je ne m'attendais pas à la véracité des faits;

 

10 juillet 1970 :

  Rishikesh (ashram de Sivananda)

Après avoir traversé la petite ville de Rishikesh, je suis arrivé à l'ashram de Sivananda qui est situé le long du Gange; d'un côté l'ancien hôpital (pour les yeux) qui allait nous servir d'hôtel, avec la cuisine en bas, la bibliothèque et tout au-dessus une terrasse pour y effectuer nos exercices de yoga; là, la compagnie des singes nous y attendait et ceux-ci nous regardaient avec indifférence d'abord, puis avec une curiosité, et bien vite nous avons tout rangé car ils commençaient à chaparder tout ce qu'ils pouvaient attraper.

De l'autre côté de la route se situe l'ashram; après avoir monté des escaliers qui n'en finissent plus, de nombreux bâtiments sont sur la première terrasse; les uns sont destinés au résidants, d'autres pour la musique; un autre sert pour la méditation; sur la deuxième terrasse se trouve un nouveau temple en construction.

En bas, lorsque l'on prend les escaliers , sur la gauche, on traverse un terrain plat, puis on descend et l'on trouve la chambre du Swami Sivananda; chambre modeste avec quelques meubles et un grand lit ; cette chambre se trouve inondée à chaque mousson, car elle se situe au même niveau du Gange. Il y a une imprimerie; nous y avons trouvé de nombreux livres et nous avons pu nous procurer bien des ouvrages. De l'autre côté, la partie réservée à Mataji, la disciple directe de Sivananda, laquelle m'a initié, lors d'une cérémonie intime.

Je me sentais à l'aise dans ce paysage et je supportais très bien la chaleur; je n'ai eu aucun problème à ce sujet comme si j'étais habitué au climat; j'étais chez moi en quelque sorte; par la suite à travers les endroits visités, j'avais une impression de déjà vu; une réminiscence du passé, peut-être; lors de mes nombreuses rencontres, je trouvais plaisant et très chaleureux, le passage d'un Swami, il me saluait et moi de même en joignant les deux mains, je le saluais en disant "Om Swami" , c'était la coutume; j'aimais ces gens car ils avaient toujours le sourire; cela me changeait bien de chez nous car ici les visages sont tristes et renfrognés.

  Une nuit, alors que nous dormions paisiblement, nous entendîmes un vacarme et de grands cris et comme si quelqu'un donnait des coups de bâtons; tous les amis et moi-même, nous nous précipitames sur le palier et là je ne m'attendais pas à voir ce spectacle, des Swamis étaient en train de taper allègrement sur un cobra qui avait eu la malchance de trouver un passage à travers une ouverture de fenêtre pourtant grillagée. Je n'avais jamais vu un tel serpent, sa grosseur était très impressionnante;

mais il ne bougeait plus, les Swamis avaient eu raison de lui; puis tout devint calme à part des chants et de psalmodies que les Swamis avaient entamés pour le serpent, certainement pour demander pardon de cet acte; mais cela aurait pu avoir une grave incidence car nous étions une vingtaine de personnes à dormir dans la chambre. Mais le sommeil nous vint et on passa une très bonne nuit.

 

13 août 1970 :

  Shrinagar (Cachemire)

Le Cachemire est en grande partie montagneux et comprend trois parties: au sud, la région de Jammu (capitale d'hiver), dans le Moyen Himalaya, de population hindoue!; au nord, dans le Grand Himalaya, les hautes montagnes de la chaîne de Karakoram, où est situé le K2, deuxième sommet du monde, et une partie du Ladakh, région de langue tibétaine!; au centre, la vallée du Cachemire, haute plaine arrosée par la Jhelam, foyer historique de la civilisation du Cachemire, à majorité musulmane. L'Indus traverse la région.
Le Cachemire est un pays ancien, dont le nom, selon la légende,

viendrait des Khasi, un peuple qui, plusieurs siècles avant l'ère chrétienne, s'installa dans les montagnes du Nord. Par la suite, l'Inde envoya des troupes au Cachemire et contraint le Pakistan au retrait. Je devais me rendre dans la région du Ladakh, mais ce ne fut pas possible en raison des troubles entre l'Inde et la Chine; je ne pus rencontré les tibétains chez eux à mon grand regret.

Lorsque je suis arrivé à Shrinagar, je me suis rendu directement au lac Dal; ce lac est magnifique,il se trouve au pied de la chaîne du Karakorum; il y règne un climat doux et plus frais qu'en Inde; on bénéficie à la fois des chaînes de montagne; dans le fond du paysage et dans le lac, des lotus par milliers; nous nous sommes divisés, les amis et moi pour nous rendre sur les "house-boat", bateaux à fond plat qui allaient nous servir de lieu de résidence; là, le dépaysement fut total, comment imaginer du dehors un hôtel flottant; on accède au bateau par des marches, et l'on se trouve sur une sorte de terrasse; puis on entre dans une grande salle de séjour décorée de meubles très riches à l'indienne, avec des panneaux de bois sculptés; puis les chambres, et tout au fond la cuisine, la douche et les commodités; cela ressemblait à un conte des mille et une nuit; splendide.

A peine arrivés, ils nous fut servis des rafraîchissements, du thé glacé; depuis un moment, je commençais à montrer des signes d'impatience et je n'étais pas le seul, les amis aussi; une envie folle de se baigner dans le lac nous prit et avec de grands rires d'enfants, on a envoyé nos vêtements par terre au grand dam du serviteur qui nous étaient alloué, et nous piquâmes tous une tête dans l'eau; c'était délicieux; on pouffait de rire, de vrais gamins; après un bon moment dans l'eau, nous sommes remontés et avons pris place sur le toit du bateau qui était aménagé en terrasse, et là nous avons fait tous une petite "bronzette".

Ranchi, notre serviteur devint vite un ami plein de ressources et très prévenant; par la suite nous avons tous apprécié sa cuisine; il était vraiment charmant; j'en reviens à notre partie de bronzage; Ranchi nous apporta sur la terrasse des boissons, du coca cola, je n'ai jamais autant bu de coca qu'en Inde; il me tendit la bouteille et s'en alla faire sa distribution vers les amis; je le suivais du regard et je remarquais qu'il insistait devant une amie et je ne compris pas tout de suite pourquoi; puis il s'en alla d'un pas nonchalant et passa devant moi un esquivant un large sourire et me fit un clin d'oeil en me disant :" very nice" mon anglais est minable, aussi je me levais et je me dirigeais vers une amie parlant anglais couramment pour lui demander ce qu'il avait voulu dire et là je compris tout: elle bronzait avec les seins nus; je contemplais le spectacle et me mis à pouffer de rire ; mon amie me dit eh bien Jean-Paul qui a t'il, je lui expliquai et ce fut le rire général comme quoi un homme est toujours un homme et appréciera les belles femmes; ce n'est pas très yogique mais tant pis.

 

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