ENSEIGNEMENTS D'UN INITIÉ - TOME I

MAX HEINDEL



PRÉFACE

Ce recueil est le dernier de ceux dans lesquels ont été groupées les lettres et les leçons envoyées par Max Heindel à ses élèves jusqu'à son décès, survenu le 6 janvier 1919. Les précédents recueils portent les titres suivants: Glanes d'un Mystique, Franc-Maçonnerie et Catholicisme, La Trame de la Destinée, Mystères des Grands Opéras, Lettres aux Etudiants. Dans ces écrits, le lecteur trouvera le résultat des dernières recherches de cet éminent Mystique et Clairvoyant.

L'aide et les encouragement spirituels reçus par les lecteurs de ces précédents recueils ont, à ce que nous avons appris, exercé des effets importants, et nous ne doutons pas que les oeuvres de Max Heindel soient de plus en plus appréciées de tous ceux qui cherchent une solution à leurs problèmes. Ses paroles vont au plus profond du coeur du lecteur, et nombreux sont ceux sur lesquels son premier ouvrage, la "Cosmogonie des Rose-Croix", a fait une profonde impression.

Max Heindel, qui était le porte-parole du véritable Ordre de la Rose-Croix, vivait et pratiquait lui-même les enseignements qu'il donnait. Il faut avoir souffert comme lui pour faire vibrer le coeur de l'humanité, il faut avoir passé par les souffrances de la naissance spirituelle aux plans supérieurs pour émouvoir pareillement ses lecteurs, et c'est pourquoi les écrits légués par Max Heindel à l'humanité resteront vivants et porteront leurs fruits. Puissent les lecteurs de ce livre ressentir la sensibilité de ce grand ami de l'humanité, qui a sacrifié sa santé dans le désir de partager les merveilleuses vérités qu'il a recueillies lors de ses contacts avec les Frères Aînés de l'Ordre de la Rose-Croix. Augusta Foss Heindel

 

CHAPITRE 1 - LES JOURS DE NOÉ ET DU CHRIST - Novembre 1916

Lors de son entretien avec le Christ au sujet de la nécessité de "naître de nouveau", Nicodème avait demandé: "Comment cela est-il possible?" (Jean 3:3- 5). Il en va de même pour nous, dont le mental interrogateur recherche souvent des éclaircissements sur les divers enseignements relatifs à notre avenir. Si ces enseignements sont en concordance avec ce que nous savons des conditions du monde physique, cela peut nous aider en nous donnant une base sûre pour accepter d'autres faits dont nous n'avons pas encore de preuves.

L'auteur a reçu pour mission de faire des recherches au sujet de faits spirituels et de les mettre en corrélation avec les faits physiques, de manière à pouvoir faire appel à la raison pour appuyer notre foi. C'est ainsi qu'il a eu le privilège de jeter plus de lumière sur de nombreux mystères de la vie humaine et d'éclairer ainsi les chercheurs. Récemment, une nouvelle découverte a été faite qui, bien qu'elle paraisse n'avoir aucun rapport avec l'avènement du Christ, jette néanmoins une lumière considérable sur cet événement, et spécialement sur notre rencontre avec le Seigneur "en un clin d'oeil" comme l'affirme la Bible (I Corinthiens 15:52). Nos étudiants savent bien que l'auteur n'aime pas raconter ses expériences personnelles, mais il peut arriver que cela paraisse nécessaire, comme dans le cas présent. Veuillez donc lui pardonner d'user du "je" pour relater cet incident.

"Il y a quelque temps, lors d'une mission accomplie de nuit hors de mon corps physique, j'ai entendu un cri de détresse. Bien que le son de la voix humaine ne puisse s'entendre que dans l'atmosphère du plan physique, il y a des harmoniques qui sont perçues dans les mondes spirituels à de grandes distances. Toutefois, ce cri était tout proche, et je suis arrivé instantanément sur place; pas assez tôt, cependant, pour donner l'aide nécessaire. J'étais en présence d'un homme dévalant une pente escarpée, sans trace de végétation, d'environ quatre mètres de large et, ainsi que je l'ai vérifié par la suite, complètement lisse, sans une fissure qui aurait permis à ses doigts de s'agripper. Pour pouvoir le sauver, il aurait fallu que je puisse matérialiser des bras et des épaules, mais je n'en avais pas le temps. Dans l'espace d'une seconde, il avait glissé dans le précipice, à une bonne centaine de mètres, à ce qu'il m'a semblé.

Mû par un sentiment de fraternité bien naturel, je l'ai suivi et, en chemin, j'ai observé le phénomène qui est à la base de cette leçon, c'est-à-dire que lorsque le corps atteint une grande vitesse, les éthers se précipitent au dehors, de sorte que lorsque le corps de ce malheureux s'est écrasé, en une bouillie informe, sur les rochers, il n'y avait pour ainsi dire plus ou très peu d'éther à l'intérieur de cette dépouille. Petit à petit, toutefois, les éthers se sont assemblés, ont pris forme et sont restés suspendus, avec les véhicules supérieurs, au-dessus du corps mutilé: l'homme, lui, était dans un état de choc, privé de sentiment et incapable de se rendre compte de sa nouvelle condition.

Ayant constaté que je ne pouvais plus l'aider, je suis reparti, mais à la réflexion, il m'est apparu que quelque chose d'insolite devait s'être produit là et qu'il était de mon devoir de vérifier si les éthers abandonnaient le corps dense dans tous les cas de chute et, dans l'affirmative, d'en déterminer la raison. Autrefois, cela aurait été assez difficile à vérifier, mais avec la vulgarisation de l'aviation de guerre, qui a fait bien des victimes, il m'a été facile de contrôler le fait que lorsqu'un corps atteint, en tombant, une certaine vitesse, les éthers supérieurs quittent le corps, et l'homme, précipité dans la chute, perd connaissance. Au moment où le corps touche le sol, il s'y fracasse, mais il est possible que la pauvre victime reprenne connaissance quand les éthers se sont regroupés. A ce moment, l'accidenté commence à souffrir des conséquences physiques de sa chute. D'autre part, si la chute continue après la perte des deux éthers supérieurs, la vitesse accrue déloge à son tour les deux éthers inférieurs, et la corde d'argent reste seule reliée au corps. Celle-ci se rompt dès le contact avec le sol, et l'atome- germe s'échappe selon le processus habituel."

Ces faits nous ont ont amené à conclure que c'est la pression normale de l'air qui maintient le corps vital à l'intérieur du corps dense. Si notre corps se déplace à une vitesse anormale, la pression atmosphérique n'agit plus sur certaines parties du corps et il se fait un vide partiel, avec le résultat suivant: les éthers quittant le corps se précipitent dans le vide ainsi formé. Les deux éthers supérieurs, reliés au corps d'une façon plus lâche, sont les premiers à disparaître en laissant la personne sans connaissance après le déroulement, en un éclair, du panorama de son existence. Alors, si la chute se poursuit en s'accélérant, le vide s'accentue encore, et les éthers les plus liés au corps dense sont aussi arrachés, de sorte que ce corps est mort avant de toucher le sol (les parachutistes sont entraînés à développer une maîtrise de leur conscience par la concentration de leur pensée, ce qui maintient les éthers dans leur corps physique).

Il a été découvert, en examinant un certain nombre de personnes en bonne santé, que chacun des atomes prismatiques dont sont composés les éthers inférieurs, irradie des courants de force qui font tourner les atomes physiques dans lesquels ils sont insérés, dispensant ainsi la vie à tout le corps. Toutes ces unités de force se joignent en se dirigeant vers la périphérie du corps dense, où elles constituent ce que certains ont appelé le "Fluide odique", ou Rayons N". Quand la pression de l'air extérieur se trouve abaissée du fait que l'on réside à de hautes altitudes, une certaine tendance à la nervosité se manifeste parce que la force éthérique se précipite vers l'extérieur sans être suffisamment contenue. Si les gens n'étaient pas capables, pour surmonter cette difficulté, d'arrêter partiellement cette perte d'énergie solaire, nul ne pourrait vivre en de tels lieux.

Nous avions entendu parler de commotions par éclatement d'obus et nous savions que beaucoup d'homme n'ayant pas la moindre blessure avaient été trouvés morts sur le champ de bataille. En fait, nous avons rencontré des gens qui avaient trouvé la mort de cette façon, mais qui se perdaient en conjectures sur la cause de leur décès. Ils ont tous déclaré qu'il n'y avait pas eu "peur" de leur part, mais qu'ils avaient subitement perdu connaissance, et s'étaient trouvés quelques instants plus tard dans cet état. Ce dernier différait de celui de leurs camarades, car ils n'avaient pas la moindre égratignure sur le corps. Notre idée préconçue qu'il devait y avoir eu, à le dernière minute, un état momentané de peur qui, bien qu'étant passé inaperçu, avait causé leur décès, nous avait empêché d'approfondir ce point, mais les résultats des conséquences de la chute en question nous ont conduit à supposer que quelque chose de semblable pouvait se produire en l'occurrence, et cette conjecture s'est révélée correcte.

Lorsqu'un gros projectile traverse l'atmosphère, il fait le vide sur son passage à cause de son énorme vitesse. Si quelqu'un se trouve dans la zone où passe le bolide, il souffre à la mesure de sa propre nature et de sa proximité du centre d'aspiration. Sa situation est, en fait, exactement l'inverse de celle de l'homme qui tombe, car il reste immobile tandis que le projectile fend l'air en faisant le vide, permettant aux éthers de s'échapper. Si la quantité des éthers dispersés est relativement peu importante et n'occasionne que le retrait des troisième et quatrième éthers, lesquels gouvernent la perception et la mémoire, il n'en résultera probablement qu'une perte temporaire de cette dernière, ainsi qu'une incapacité de sensation et de mouvement. Cette incapacité disparaîtra quand les éthers dispersés réintégreront leur place dans le corps dense, chose beaucoup plus difficile à accomplir que lorsque le corps physique a succombé et que le regroupement se produit en dehors de ce véhicule.

Si les personnes auxquelles est arrivé cet accident avaient appris à pratiquer les exercices tendant à séparer les éthers supérieurs des inférieurs, elles auraient pu se trouver hors de leur corps en pleine conscience, et peut-être prêtes à essayer leur premier "vol de l'âme" si elles avaient eu le courage de l'entreprendre. Quoi qu'il en soit, à leur retour dans le corps dense, on peut dire qu'elles n'auraient eu aucune difficulté, ou très peu. Dans le cas où le vide aurait été suffisamment fort pour extraire les quatre éthers et causer la mort, il n'y aurait probablement eu aucune perte de connaissance comme il arrive aux gens ordinaires; en effet, il a été découvert que les personnes déclarant avoir été inconscientes pendant un moment s'étaient trompées. Dans les cas examinés, il s'est écoulé de un à plusieurs jours avant que le corps vital se soit réorganisé et que la conscience soit revenue.

Voyons maintenant dans quelle mesure ces découvertes peuvent nous aider à comprendre le retour du Christ et notre rencontre avec lui "en un clin d'oeil". Tant que nous avons vécu dans l'ancienne Atlantide, dans les bas- fonds de notre globe, la pression de l'atmosphère chargée d'humidité était très grande. Elle a provoqué le durcissement du corps dense ainsi qu'un ralentissement considérable des vibrations des véhicules plus subtils qui l'interpénètrent. Ceci a spécialement été le cas pour le corps vital formé d'éther, un degré de matière appartenant au monde physique et qui dépend de certaines lois physiques. La force vitale du soleil était loin de pénétrer le brouillard dense aussi abondamment qu'aujourd'hui, où l'atmosphère s'est considérablement éclaircie. En outre, à cette ancienne époque, le corps vital était presque entièrement composé des deux éthers inférieurs, ceux qui gouvernent l'assimilation et la reproduction, aussi pouvons-nous comprendre que les progrès de l'humanité étaient très lents. L'homme ne menait qu'une vie végétative, et ses efforts principaux se concentraient sur l'obtention de sa nourriture et la reproduction de l'espèce.

Si un tel homme avait été placé dans nos conditions atmosphériques, le manque de pression aurait amené la sortie du corps vital, autrement dit la mort. Graduellement, le corps physique est devenu moins dense et les deux éthers supérieurs se sont développés, si bien que l'homme est devenu capable de vivre dans une atmosphère plus claire et sous une pression moindre, telles que nous en avons joui depuis l'événement historique appelé "Déluge" et provoqué par la condensation du brouillard. Depuis lors, nous avons pu spécialiser une quantité plus grande d'énergie solaire, et l'accroissement des deux éthers supérieurs de notre corps vital nous permet d'exprimer des attributs humains supérieurs, propres au développement de l'ère actuelle.

Dans les présentes conditions atmosphériques, les vibrations du corps vital ont permis à l'esprit de créer ce que nous appelons la civilisation, qui consiste en exploits dans les domaines industriels et artistiques, ainsi qu'en qualités morales et spirituelles, la supériorité industrielle et la supériorité morale étant aussi liées et dépendantes l'une de l'autre qu'une réussite artistique dépend d'une conception spirituelle. L'industrie a pour mission de développer le côté moral de l'homme, et l'art le côté spirituel. Ainsi, on nous prépare maintenant à faire un nouveau pas dans notre développement.

Rappelons-nous que les qualifications nécessaires pour nous émanciper des conditions prévalant dans l'Atlantide étaient en partie physiologiques; nous devions développer des poumons pour respirer l'air pur dans lequel nous sommes actuellement plongés et qui permet au corps vital de vibrer à un taux plus rapide que dans la lourde humidité de l'époque Atlantéenne. Par analogie, nous comprendrons aisément que nos progrès futurs consisteront en l'entière émancipation du corps vital des entraves du corps dense, afin qu'il puisse vibrer exclusivement dans l'air.

C'est ce qui s'est produit sur la hauteur exotériquement connue sous le nom de "Montagne de la Transfiguration" (Matthieu 17:2-3; 12-13) C'est là que sont apparus des êtres avancés ayant vécu à différentes époques, tels que Moïse, Elie et Jésus (ou plutôt le corps de Jésus animé par le Christ) qui se sont montrés dans le vêtement lumineux du corps de l'âme libéré, dont nous serons tous revêtus dans la "Nouvelle Galilée", ou Royaume du Christ. "La chair et le sang n'en peuvent hériter" (I Corinthiens 15:50), car cela nuirait aux progrès spirituels de cette Sixième Epoque. Ainsi, lorsque le Christ apparaîtra, nous devrons avoir développé un corps de l'âme nous permettant d'abandonner le corps dense pour être "enlevés dans les airs à la rencontre du Seigneur" (I Thessaloniciens 4:17).

Les résultats des recherches ayant donné lieu à la présente étude peuvent nous donner, à la lumière des textes bibliques, une idée du mode de cette transition. Il y est dit que le Seigneur apparaîtra accompagné d'un son puissant comme la voix d'un archange. Nous lisons aussi que le tonnerre et le son des trompettes accompagneront cet événement. Un son est un trouble atmosphérique, et du moment que le passage d'un projectile créé par l'homme peut extraire le corps vital hors du corps dense des soldats, il est évident que la clameur d'une voix surhumaine peut facilement produire des résultats encore plus remarquables, et ce, "en un clin d'oeil"

"Quand ces choses arriveront-elles?" demandaient les disciples. Il leur fut répondu que comme il en était aux jours de Noé (juste avant le début de l'époque Aryenne) de même en serait-il à l'avènement du Fils de l'homme. "Ils mangeaient, buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants" (Matthieu 24:37-41). Mais certains d'entre eux, qui n'étaient peut-être pas très différents de leurs contemporains, avaient développé ces organes importants qu'étaient alors les poumons, et lorsque l'atmosphère s'est éclaircie, ils ont été capables de respirer l'air pur, alors que les autres, seulement pourvus de branchies, ont péri. Au jour du Christ, lorsque retentira l'appel de sa voix, il y aura des êtres humains possédant un corps de l'âme parfaitement organisé, qui leur permettra de s'élever au-dessus du corps dense devenu inutile, tandis que d'autres seront dans le même cas que les soldats ayant trouvé la mort à la suite du vide d'air produit par le passage d'un obus.

Puissions-nous, en marchant sur les traces du Christ, nous préparer en vue de ce jour!

 


CHAPITRE 2 - LE SIGNE DU MAîTRE - Novembre 1915

A l'heure actuelle, il y a beaucoup de personnes qui jugeant d'après les signes des temps, s'imaginent que le retour du Christ est imminent, aussi l'attendent-elles avec une joyeuse espérance. Toutefois, selon l'opinion de l'auteur, bien que les "choses qui doivent d'abord se produire" ne soient pas encore manifestées sur de nombreux points importants, nous ne devons pas oublier que le Christ nous a prévenus en disant que "comme il en était aux jours de Noé, ainsi en sera-t-il au jour du Fils de l'homme". Alors ils buvaient, mangeaient, se mariaient et étaient donnés en mariage jusqu'au moment où le déluge est descendu sur eux pour les engloutir. Quelques-uns seulement ont été sauvés, aussi, lorsque nous prions en vue de l'avènement du Christ, nous ferons bien d'être vigilants, de peur que nos prières ne soient exaucées avant que nous ne soyons prêts, car selon ses paroles, "le jour du Seigneur viendra comme un voleur dans la nuit" (Matthieu 24:37-44).

Mais il y a encore un autre danger, un très grand danger qu'il nous a fait remarquer en disant: "Il y aura de faux Christs (...) et ils séduiront même les élus, si c'est possible". Nous sommes donc prévenus que si l'on nous dit: "Le Christ est ici, ou là dans le désert", nous ne devons pas y aller, car nous serons certainement induits en erreur (Marc 13:5-32).

Mais, d'autre part, comment savoir, à moins de faire des recherches? Ne risquons-nous pas de rejeter le Christ en refusant d'écouter tous les prétendants et en jugeant chacun selon ses mérites? En examinant les directives de la Bible sur ce point, elles nous semblent déconcertantes et allant à l'encontre du but recherché, aussi la question "comment reconnaître le Christ lors de son retour" est toujours d'actualité. Nous avons publié une brochure sous ce titre, devenu le dernier chapitre de "Les Grandes Forces de la Nature" (tome 2 du présent ouvrage).

Le Christ nous dit que certains de ces faux Christs feront des miracles et des prodiges. Il a toujours refusé de prouver sa divinité de cette façon vulgaire lorsque les scribes et les pharisiens le lui demandaient, car il savait que les phénomènes ne font qu'exciter le sens du merveilleux et aiguiser davantage la curiosité. Ceux qui assistent à de telles démonstrations sont parfois sincères dans leurs efforts pour convaincre les autres, mais généralement ils rencontrent une attitude d'esprit qui signifie en substance: "Vous dites que vous avez vu un tel faire telle ou telle chose. Bon, moi aussi je suis disposé à être convaincu s'il veut bien m'en donner la preuve".

Mais même en supposant qu'un Maître accepte de prouver son identité, qui donc, parmi la multitude, est qualifié pour juger de la validité de la preuve? Personne, assurément, car qui reconnaît le signe du Maître en le voyant? Le signe du Maître n'est pas un phénomène pouvant être nié ou élucidé par les sophistes, et ce n'est pas non plus une chose qu'un Maître puisse montrer ou cacher selon son désir, ni prendre ou mettre de côté à volonté. Il est obligé de le porter constamment sur lui comme nous portons nos bras et nos jambes. Il serait tout aussi impossible de cacher le signe du Maître à ceux qui sont qualifiés pour le voir, le connaître et le juger, qu'il le serait pour nous de cacher nos membres à quiconque possède la vue physique. Par ailleurs, comme le signe du Maître est de nature spirituelle, il doit être spirituellement perçu, et c'est pourquoi il serait tout aussi impossible de montrer le signe du Maître à ceux qui ne possèdent pas la vue spirituelle, que d'attirer l'attention d'un aveugle sur une forme physique.

C'est pourquoi nous lisons: "Une génération méchante et adultère demande un miracle, mais il ne lui en sera point donné" (Matthieu 16:4). Un peu plus loin, dans le même chapitre 16 de Matthieu, nous voyons le Christ demander à ses disciples: "Qui dit-on que je suis, moi, le Fils de l'Homme?" La réponse a montré que, même si les Juifs voyaient en lui un être supérieur, tel que Moïse, Elie ou l'un des prophètes, ils étaient incapables de reconnaître sa vraie personnalité. Ils ne parvenaient pas à voir le signe du Maître, sinon ils n'auraient pas eu besoin d'autres témoignages.

Se tournant vers ses disciples, le Christ leur demanda: "Et vous, qui dites- vous que je suis?" et Pierre, prenant aussitôt la parole avec conviction, répondit: "Tu est le Christ, le fils du Dieu vivant". Il avait vu le signe du Maître et il savait de quoi il parlait, indépendamment de tout phénomène ou circonstance extérieure, ainsi que l'a fait remarquer le Christ, le fils du Dieu vivant". Il avait vu le signe du Maître et il savait de quoi il parlait, indépendamment de tout phénomène ou circonstance extérieure, ainsi que l'a fait remarquer le Christ en disant: "Tu es heureux, Simon, fils de Jonas, car ce ne sont pas la chair et le sang qui t'ont révélé cela, mais c'est mon Père qui est dans les cieux". En d'autres termes, la perception de cette grande vérité dépend d'une aptitude intérieure.

Ce qu'était cette aptitude et ce qu'elle est encore aujourd'hui, les paroles du Christ nous l'apprennent: "Et mois je te dis que tu es Pierre (Petros, un rocher) et que sur cette pierre (Petra) je bâtirai mon Eglise".

En parlant de la multitude matérialiste des Juifs, le Christ dit: "Une génération méchante et adultère demande un miracle, mais il ne lui sera donné d'autre miracle que celui du prophète Jonas" (Matthieu 16:4). Ces paroles ont provoqué, bien plus tard, de nombreuses conjectures parmi les non moins matérialistes Chrétiens. Certains ont soutenu qu'une vraie baleine avait avalé le prophète et l'avait ensuite déposé sur le rivage. Les Eglises ont été divisées sur cette question, ainsi que sur d'autres aussi ridicules. Mais en consultant les annales de la Mémoire de la Nature, nous trouverons une explication qui satisfera le coeur sans contrarier le mental.

Cette grande allégorie, comme tant d'autres mythes, se trouve inscrite sur la voûte céleste, car elle s'est réalisée dans les cieux avant de l'être sur terre. Parmi les constellations, nous voyons toujours encore "Jonas, la Colombe", et "Cetus, la Baleine", mais nous parlerons plutôt de l'application terrestre de ce mythe que de sa phase céleste.

"Jonas" signifie colombe, symbole bien connu comme étant le Saint-Esprit. Au cours des trois "jours" écoulés de la Période de la Terre, comprenant les révolutions de Saturne, du Soleil et de la Lune, ainsi que des "nuits" intermédiaires, le Saint-Esprit et les Hiérarchies Créatrices ont oeuvré dans le Grand Abîme, perfectionnant les parties intérieures de la Terre et de l'homme, éloignant le poids mort de ce qui est devenu la Lune. Alors, vers le milieu de l'époque Atlantéenne, la Terre est sortie de la phase humaine de son développement, et c'est ainsi que Jonas, l' "Esprit-Colombe", a réussi à sauver la plus grande partie de l'humanité.

Ni la Terre, ni ses habitants, n'étaient capables de maintenir leur équilibre dans l'espace, et c'est pourquoi le Christ cosmique a entrepris de travailler avec nous et sur nous. Finalement, lors du Baptême, il est descendu comme une colombe (non pas sous la forme d'une colombe, mais comme une colombe) en l'homme qu'était Jésus. Et de même que Jonas, la colombe du Saint-Esprit, est restée trois jours et trois nuits dans le Grand Poisson (la Terre submergée par l'eau) ainsi à la fin de notre pèlerinage d'involution dans la matière, l'autre colombe, le Christ, a dû entrer dans le coeur de la Terre pour les futurs trois jours et trois nuits (trois révolutions) afin de nous donner l'impulsion nécessaire sur le chemin de l'évolution. Il doit nous aider à éthériser la Terre en vue de la préparer pour la période de Jupiter.

Au moment de son baptême, Jésus est ainsi devenu un "Fils de la Colombe", et il a été reconnu comme tel par un autre "Simon bar Jonas" (Simon, fils de la Colombe). Après avoir été ainsi reconnu à ce signe, le Maître appelle Simon un rocher, une pierre de soubassement, et lui promet les "clés du ciel" (Matthieu 16:19). Ce ne sont pas là des mots vides de sens ou des promesses en l'air, car ces paroles se rapportent à des phases de développement psychique par lesquelles chacun devra passer, si ce n'est déjà fait.

Quel est donc ce "signe de Jonas" que le Christ portait en lui, qui est visible à tous ceux qui sont capables de le voir, sinon la "demeure céleste" (II Corinthiens 5:2) dont Paul souhaitait être revêtu? N'est-ce pas cet admirable "trésor" (Matthieu 6:20) où les nobles actions de nombreuses vies brillent et scintillent comme des pierres précieuses? Chacun de nous possède sa petite "demeure céleste", et Jésus, l'être pur et saint par excellence, était probablement splendide à voir, mais que dire de l'éclat du glorieux véhicule du Christ lorsqu'il est descendu dans le corps de Jésus? Cela ne nous donne-t-il pas une idée de l' "aveuglement" de ceux qui demandaient un miracle?

Même parmi ses autres disciples, le Christ a trouvé le même aveuglement spirituel. "Montre-nous le Père", disait Philippe, oubliant la mystique Trinité dans l'Unité qui aurait dû lui être évidente. Toutefois, Simon avait immédiatement compris parce que, par l'alchimie spirituelle, il avait lui- même développé ce "Petros" spirituel, ou pierre philosophale, qui lui donnait droit aux "clés du Royaume", ou initiation rendant utilisables les pouvoirs latents que le candidat développe par le service.

Nous voyons que ces "pierres" pour le "temple non construit de main d'homme" passent par une évolution, ou degré de préparation. Premièrement, il y a "Petros", le diamant brut dans sa gangue, c'est-à-dire tel qu'on le trouve dans la nature. Si nous pouvons lire avec notre coeur ce passage de I Corinthiens 10:4 "et tous ont bu le même breuvage spirituel; ils buvaient en effet à un rocher spirituel (Petros) qui les accompagnait, et ce rocher, c'était le Christ", cette citation nous éclairera à ce sujet. Petit à petit, bien lentement, nous avons été imprégnés de cette eau vitale qui jaillit du grand rocher. Nous avons été polis comme des galets, comme des "Lithoï zôntès" (pierres vivantes) destinées à être groupées avec la Grande Pierre rejetée par les constructeurs (Matthieu 21:42), et quand nous aurons bien oeuvré jusqu'au bout, nous recevrons finalement dans le Royaume, le joyau le plus précieux de tous, la "psêphos leukê" (pierre blanche) avec le nouveau Nom (Apocalypse 2:17).

Il y a donc trois étapes dans le développement de la "Pierre du Sage": tout d'abord Petros, le rocher dur et rude; ensuite Lithos, la pierre polie par le service et sur laquelle on peut écrire, et enfin "Psêphos leukê", la blanche pierre tendre qui attire à elle tous ceux qui sont "fatigués et chargés" (Matthieu 11:28). Beaucoup de choses au sujet de la nature et de la composition de la pierre à chaque étape de son développement ne sont pas exprimées et ne peuvent être écrites; il faut les lire entre les lignes.

Si nous espérons construire le Temple vivant avec le Christ dans son Royaume, nous ferons bien de nous préparer pour être à la hauteur des circonstances, et alors nous connaîtrons à la fois le Maître et le signe du Maître.

 


CHAPITRE 3 - QU'EST-CE QUE LE TRAVAIL SPIRITUEL - Septembre 1916

En rapport avec ce sujet, nous citons quelques extraits du merveilleux poème de Longfellow, intitulé "La Belle Légende":

"Seul dans sa cellule,
Agenouillé sur des dalles de pierre,
Le moine priait avec contrition
Pour ses péchés et négligences;
Priait pour plus d'abnégation
Dans l'épreuve et dans la tentation.
Le cadran marquait midi,
Et tout seul était le moine
Soudain, comme dans un éclair,
Une lumière d'une splendeur extraordinaire
Illumina tout en lui et autour de lui
Dans cette étroite cellule de pierre,
Et devant lui était la vision bénie
De notre Seigneur, qu'un halo élyséen
Entourait d'un divin rayonnement,
Le recouvrant comme un vêtement."

Ce n'était cependant pas le Seigneur souffrant, mais le Christ nourrissant la
multitude et guérissant les malades.
Dans une attitude suppliante,
Les mains croisées sur sa poitrine,
Emerveillé dans son adoration.
Le moine était dans l'extase (...)
Alors, durant cette exaltation,
Il entendit avec consternation
Retentir la cloche du couvent
Qui, à travers cours et corridors,
Semblant ne vouloir cesser jamais,
Sonnait, sonnait sans arrêt."

C'était l'appel au devoir de nourrir les pauvres comme l'avait fait le Christ,
car il était l'aumônier de la Fraternité.

L'hésitation et la détresse
Se mêlaient à son adoration;
Fallait-il s'en aller, ou bien rester?
Devait-il faire attendre les pauvres
Affamés à la porte du couvent,
Jusqu'au départ de la vision?
Devait-il négliger cet hôte radieux,
Manquer d'égards envers son visiteur
Pour une troupe de grossiers mendiants,
Se pressant à la grille du couvent?
La vision resterait-elle, ou non?
Reviendrait-elle après son absence?
Alors, en lui, une voix intérieure
Murmura, clairement et distinctement,
Comme tout près de l'oreille:
Fais ton devoir, cela vaut mieux;
Pour le reste, remets-t'en à Dieu

Aussitôt, il se met debout
Avec un regard désolé,
Vers la vision qu'il doit quitter,
Sort en hésitant de sa cellule,
S'éloigne lentement vers sa tâche.
A la grille, les pauvres attendaient,
Regardant à travers les barreaux
Avec des regards terrorisés
Qui sont le lot des malheureux
Dont les besoins, trop souvent,
Suscitent les portes qui se ferment,
Et le dédain des pas qui s'éloignent,
Habitués qu'ils sont à la disgrâce,
Accoutumés, hélas, au goût
Du pain par lequel on meurt!
Mais aujourd'hui, pourquoi leur semblait-il
Que la grille, en s'ouvrant lentement,
Etait comme la porte du paradis?
En son coeur attendri, le moine priait,
Songeant aux malheureux sans foyer,
A ce qu'ils doivent souffrir et endurer
A ce qui se voit ou ne se voit pas.
Et la voix intérieure murmura:
Quoi que ce soit que tu fasses
Envers le plus humble des miens,
C'est vraiment à moi que tu le fais.

 

A lui vraiment? Mais alors, XXXXXXX
Si la vision lui était apparue
Sous forme d'un hère déguenillé,
Se serait-il agenouillé devant lui,
Ou l'aurait-il écouté avec dédain
Avant de s'en détourner avec dégoût?
Ainsi le questionnait sa conscience
Pleine de troublantes suggestions,
Et finalement, d'une allure précipitée,
Il se dirigea vers sa cellule,
Et vit alors le couvent illuminé
D'une lumière surnaturelle,
Comme une nuée se déployant
Sur le sol, les murs et le toit.

Mais il s'arrêta émerveillé
Vers le seuil de sa porte,
Car la vision était toujours là,
Tout comme il l'avait quittée
Quand la cloche du couvent,
Semblant ne vouloir cesser jamais,
Sonnait, sonnait sans arrêt
Pour l'appeler à remplir sa tâche.
Durant cette heure interminable,
Elle avait attendu son retour,
Et il sentit son coeur se serrer
Comprenant soudain la signification
Quand la vision bénie lui dit:
Si tu étais resté, j'aurais dû te quitter!"

Permettez-moi de vous raconter une histoire: dans les anciens temps - très, très anciens - les ténèbres enveloppaient la terre et les hommes cherchaient à tâtons la lumière. Certains l'avaient trouvée, et il s'efforçaient d'en montrer la réflexion à d'autres, aussi étaient-ils très recherchés. Parmi eux se trouvait quelqu'un qui avait séjourné un peu de temps à la ville de lumière et avait absorbé un peu de sa luminosité; aussitôt, les gens de toutes les régions de ce monde obscur sont partis à sa recherche. Ils ont couvert de très grandes distances parce qu'ils avaient entendu parler de cette lumière. En apprenant qu'une foule nombreuse se dirigeait vers sa maison, cet homme s'est mis au travail et s'est préparé à les recevoir de son mieux. Il a planté des poteaux tout autour de sa demeure et y a installé des lampes pour que ses visiteurs ne trébuchent pas dans l'obscurité. Son entourage et lui-même se sont mis à leur service, et il les enseignait de son mieux.

Mais bientôt quelques-uns des visiteurs ont murmuré contre lui; ils avaient pensé le trouver assis sur un trône, rayonnant d'une lumière céleste et, dans leur imagination, ils s'étaient vu en adoration devant lui. Mais au lieu de la lumière spirituelle qu'ils attendaient, ils l'avaient surpris en train d'installer des fils électriques pour éclairer l'endroit. Il ne portait même ni turban, ni robe, parce qu'une règle fondamentale de l'Ordre auquel il appartenait prescrivait à ses membres de se vêtir suivant la coutume du pays dans lequel ils vivaient.

Ainsi, les visiteurs en avaient conclu qu'ils avaient été dupés et trompés et qu'il ne possédait pas la lumière. Ils ont ramassé des pierres pour les lui jeter, ainsi qu'à son entourage, et ils l'auraient tué s'ils n'avaient pas craint la loi qui, dans ce pays, exigeait oeil pour oeil et dent pour dent. Ils sont alors retournés dans le pays des ténèbres, et chaque fois qu'ils voyaient une âme se dirigeant vers la lumière, ils levaient les bras au ciel avec horreur en s'écriant: "N'allez pas là-bas; ce n'est pas la vraie lumière. Ce n'est qu'un feu follet qui vous égarera. Nous savons qu'il n'y a là aucune spiritualité". Beaucoup ont ajouté foi à leurs mises en garde, et c'est ainsi que, une fois de plus, s'est renouvelée la sentence figurant dans un de leurs anciens livres: "Et ce jugement, c'est que, la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière" (Jean 3:19).

Ainsi en était-il autrefois, ainsi en est-il aujourd'hui. Les gens vont çà et là en recherchant la lumière. Souvent, comme Sir Launfal, ils vont jusqu'au bout du monde, gaspillant une vie entière à la recherche de ce qu'ils appellent "spiritualité", et ne rencontrent que déception sur déception. Mais de même que Sir Launfal, après avoir passé toute sa vie en vaines recherches loin de chez lui, a fini par trouver le Saint-Graal à la grille de son château, ainsi tout chercheur sincère, aspirant à la spiritualité, doit la trouver, et la trouvera dans son propre coeur. Le seul danger est que, pareil à ces chercheurs de lumière, il la laisse échapper, faute de l'avoir reconnue. Personne ne peut reconnaître la vraie spiritualité chez autrui avant de l'avoir développée dans une certaine mesure en lui-même.

Par conséquent, il est nécessaire de définir bien nettement ce qu'est la "spiritualité", afin de nous fournir un guide permettant de découvrir ce grand attribut du Christ. A cet effet, il nous faut abandonner toute idée préconçue, sinon nous échouerons certainement. L'idée la plus courante est que la spiritualité se manifeste par la prière et la méditation, mais en considérant la vie de notre Sauveur, nous verrons qu'il était loin d'être désoeuvré. Il ne vivait pas en solitaire; il ne s'est pas caché loin du monde comme un ermite. Il se mêlait aux gens, il leur portait journellement secours; il les nourrissait lorsque c'était nécessaire, les guérissait chaque fois qu'il en avait l'occasion et, de plus, il les enseignait. Ainsi, il était, dans le sens le plus exact du terme, un serviteur de l'humanité.

Dans la "Belle Légende", le moine l'a vu lorsqu'il priait et qu'il a eu son extase, mais à ce moment même la cloche du couvent s'est mise à sonner, et son devoir était d'aller imiter le Christ, en nourrissant les malheureux qui se pressaient à la grille du couvent. Grande était la tentation de rester dans sa cellule et de baigner dans ces vibrations célestes, mais alors la voix s'est faite entendre: "Fais ton devoir, cela vaut mieux; pour le reste, remets-t'en à Dieu". Comment aurait-il pu adorer le Sauveur qu'il voyait nourrir les pauvres et guérir les malades, s'il avait délaissé au même moment les pauvres affamés qui attendaient à l'entrée qu'il remplisse son devoir? Il aurait été très mal de sa part de rester devant sa vision, et c'est pourquoi elle lui dit à son retour: "Serais-tu resté, j'aurais dû m'en aller".

Un acte aussi égoïste serait allé complètement à l'encontre du but recherché. S'il n'avait pas été fidèle dans les petites choses faisant partie de ses devoirs terrestres, comment aurait-il pu espérer être fidèle dans les travaux spirituels plus importants (Luc 16:10)? Naturellement, à moins qu'il n'ait bien passé l'épreuve, on ne saurait lui donner de plus grands pouvoirs.

Nombreux sont ceux qui recherchent des pouvoirs spirituels et qui vont d'un centre d'occultisme à un autre, ou qui se retirent dans des couvents ou autres retraites, espérant par là éviter les bruits et les séductions du monde pour cultiver leur nature spirituelle. Ils sont plongés du matin au soir dans le rayonnement de la prière et de la méditation pendant que le monde gémit dans la douleur. Ils s'étonnent alors de ne faire aucun progrès, de ne pas avancer sur le sentier de l'aspiration. En vérité, la prière et la méditation sont nécessaires, absolument nécessaires à la croissance de l'âme, mais nos efforts sont voués à l'échec si nous faisons dépendre cette croissance des prières, car alors elles ne sont que des mots. Pour obtenir des résultats, nous devons vivre de telle manière que toute notre vie devienne une prière, une aspiration. Comme l'exprime Emerson:

 

"Même si vos genoux jamais ne se plièrent,
Vers les cieux s'élèvent vos constantes prières.
Inspirées par le bien, ou le beaucoup moins bien,
Recevant la réponse qui le mieux leur convient."

 

Autrement dit, ce ne sont pas les paroles de la prière qui comptent, mais bien la vie qui suscite cette prière.

A quoi sert-il de prier le dimanche pour la paix dans le monde, si l'on confectionne des armes pendant les jours ouvrables? Et quand on porte la haine en son coeur, comment peut-on prier Dieu et pardonner nos offenses comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés?

Il n'y a qu'un moyen de prouver notre foi: c'est par nos oeuvres. Peu importent les conditions de vie dans lesquelles nous sommes placés, qu'elles soient élevées ou inférieures, que nous soyons riches ou pauvres. Il importe peu que nous soyons occupés à installer des lumières électriques pour éviter des accidents à nos semblables, ou que nous ayons le privilège de nous tenir comme conférenciers sur une estrade pour diffuser la lumière spirituelle et montrer aux autres le chemin de l'âme. Il est absolument dénué d'importance que nos mains soient salies par d'humbles travaux, tels que par exemple le creusage d'un égout pour entretenir la santé dans notre communauté ou qu'elles soient douces et blanches comme l'exigent les soins donnés aux malades.

Le seul critère qui détermine si un travail est spirituel ou matériel, c'est notre attitude à cet égard. L'ouvrier qui installe l'électricité peut être bien plus avancé en spiritualité que le conférencier, car nombreux sont ceux, hélas, qui se livrent à ce devoir sacré avec le désir de charmer les oreilles de leur assemblée par un beau discours plutôt que de faire preuve d'amour sincère et de sympathie. Il est bien plus noble de nettoyer un égout obstrué, comme l'a fait le "frère méprisé" dans la pièce de Kennedy, "Le Serviteur dans la Maison" (voir "Trame de la Destinée", chapitre 14), que de vivre dans la fausse dignité des fonctions d'un "maître" qui impliquent une spiritualité brillant parfois par son absence. Tous ceux qui essaient de cultiver cette rare faculté doivent toujours commencer par faire toutes choses à la gloire du Seigneur, car alors le genre de travail ne joue aucun rôle. Creuser un égout, inventer un procédé économique, prêcher un sermon, ou toute autre activité, est un travail spirituel quand il est accompli dans l'amour de Dieu et de l'humanité.

 


CHAPITRE 4 - LE CHEMIN DE LA SAGESSE - Janvier 1915

Plusieurs années se sont écoulées depuis la publication de l'enseignement des Frères Aînés dans la "Cosmogonie des Rose-Croix" et, depuis lors, nous avons publié d'autres ouvrages. Il nous semble maintenant indiqué de faire le point pour voir ce que nous avons fait des "talents" qui nous ont été confiés.

En premier lieu, rappelons-nous que la raison pour laquelle nous faisons partie du Rosicrucian Fellowship est qu'à un certain moment, nous avons jugé insuffisantes les explications données ailleurs des problèmes de la vie. Nous avons tous cherché à éclaircir ces questions, et certains d'entre nous, comme l'homme dont parle la Bible, ont trouvé une perle de grand prix, et ont vendu tout ce qu'ils possédaient pour acheter cette perle, laquelle symbolise la connaissance du Royaume des cieux. En d'autres termes, certains d'entre nous ont été si désireux de trouver la lumière et tellement joyeux de l'avoir découverte qu'ils ont donné leur vie entière, leurs pensées et leur énergie à cette oeuvre. La plupart d'entre nous ne peuvent jouir de ce grand privilège en raison d'engagements pris précédemment, mais chacun, s'il a reçu de l'aide, est tenu par la loi de compensation de faire quelque chose en retour, car les échanges d'idées et leur circulation sont partout des facteurs de vie, alors que l'immobilisme est un facteur de mort.

Nous savons que nous ne pouvons nous alimenter continuellement et garder ce que nous avons mangé, car à moins que l'élimination ne vienne rétablir l'équilibre, la mort survient bientôt. De même, nous ne pouvons impunément conserver notre nourriture spirituelle. Nous devons partager nos trésors avec les autres et faire servir nos connaissances au travail dans le monde, sous peine de nous enfoncer dans le marécage des spéculations métaphysiques.

Pendant les années qui se sont écoulées depuis la publication de la "Cosmogonie des Rose-Croix", nos étudiants ont eu le temps de se familiariser avec ses enseignements. Nous ne pouvons plus nous excuser de notre ignorance de cette philosophie en disant que nous avons manqué de temps pour l'étudier et qu'il nous est impossible de l'expliquer à d'autres. Même ceux qui n'ont eu que peu de temps à consacrer à l'étude à cause des devoirs que comporte leur travail quotidien, devraient maintenant être suffisamment au courant pour "donner une raison de la foi" qui est en eux, comme Paul nous a tous exhortés à le faire. Même si nous ne réussissons pas à donner la lumière à tous ceux qui la demandent, nous avons, envers nous-mêmes, les Frères Aînés et l'humanité, l'obligation d'en faire l'essai. Notre propre développement psychique dépend de notre participation au développement du mouvement auquel nous appartenons, et il est utile que nous soyons bien au courant de ce qu'est la mission du Rosicrucian Fellowship.

Vous trouverez ceci expliqué de manière très complète dans l'Introduction de la "Cosmogonie". En bref, c'est: donner une explication du problème de la vie qui puisse satisfaire à la fois l'intelligence et le coeur, et ainsi résoudre et aplanir les perplexités des deux classes de gens qui, en ce moment, tâtonnent dans l'obscurité à la recherche de cette connaissance unificatrice, et qui peuvent être désignés, en un sens, par "Gens d'Eglise" et "Scientifiques". Par le premier terme, nous voulons désigner tous ceux qui sont animés d'un sentiment sincère de dévotion, ou d'une bonté naturelle, qu'ils appartiennent à une Eglise ou non. Dans la seconde catégorie, il s'agit de toux ceux qui considèrent la vie du point de vue purement intellectuel, qu'ils se considèrent eux-mêmes comme hommes de science ou non. Le but de la "Cosmogonie des Rose-Croix" est d'élargir les capacités spirituelles d'un nombre croissant de personnes de ces deux catégories qui se rendent plus ou moins compte que certaines notions d'une importance vitale font défaut dans leur conception de la vie de l'être.

Vous vous rappellerez que quand David a voulu construire un Temple pour le Seigneur, ce privilège lui a été refusé parce qu'il avait été un homme de guerre. Dans le monde actuel, il y a des organisations luttant contre d'autres organisations, leur trouvant toujours des défauts et s'efforçant de les renverser, luttant comme David l'avait fait dans les temps anciens. Avec cet état d'esprit, on ne peut leur permettre de construire le temple formé des pierres vivantes que sont les êtres humains, ce temple dont Manson parle en termes si sublimes dans la pièce "Le Serviteur dans la Maison", par Kennedy (voir "Trame de la Destinée", chapitre 14). C'est pourquoi, lorsque nous essayons de répandre les vérités de l'enseignement Rosicrucien, rappelons-nous que nous ne pouvons pas impunément dénigrer la religion de quiconque, ni nous élever contre lui, et que nous n'avons pas la mission de lutter contre ses erreurs, qui seront perçues comme telles en temps voulu.

Vous vous rappelez peut-être qu'à la mort de David, Salomon lui a succédé et que ce dernier, rencontrant le Seigneur dans un rêve, a demandé à recevoir la sagesse. Il pouvait choisir ce qu'il voulait, et il a demandé la sagesse pour guider son peuple. Et la réponse du Seigneur a été, en substance: "Puisque c'est là ce qui est dans ton coeur, que tu n'as demandé ni richesses, ni longue vie, ni la mort de tes ennemis, ou d'autres choses, mais que tu as prié pour la sagesse, cette sagesse te sera donnée, et bien autre chose encore" (II Chroniques 1:7-12). Ainsi, il peut être bon pour nous, en ce moment, de prier avec sincérité pour obtenir la sagesse, mais pour la connaître, il sera utile de définir ce qu'est la vraie sagesse.

Il est dit avec raison que la connaissance est un pouvoir. Quoiqu'elle ne soit en elle-même ni bonne, ni mauvaise, la connaissance peut s'employer d'une manière ou d'une autre. Le génie montre une tendance à la connaissance, mais ce génie peut être bon ou mauvais. Nous pouvons parler d'un génie militaire, qui a une connaissance merveilleuse des tactiques de guerre, mais un tel homme ne peut être vraiment bon, car il est tenu d'être sans coeur et destructeur dans l'exercice de son génie.

Un homme de guerre, qu'il soit Napoléon ou simple soldat, ne peut jamais être un sage, car il doit délibérément comprimer tous les sentiments élevés dont le coeur est le symbole. Par ailleurs, un sage gouverneur peut avoir un grand coeur, ainsi qu'une intelligence puissante, qui s'équilibrent mutuellement et servent les intérêts de son peuple. Même la plus profonde connaissance religieuse ou occulte n'est pas la sagesse, comme nous l'enseigne Paul dans l'inoubliable treizième chapitre de sa première Epître aux Corinthiens, où il déclare entre autres: "Quand bien même j'aurais toute la connaissance, de quoi résoudre tous les mystères, si je n'ai pas l'amour, je ne suis rien". C'est seulement lorsque la connaissance est unie à l'amour que leur amalgame produit la sagesse, expression du principe Christique et deuxième phase de la Divinité.

Sur ce point-là, nous devrions avoir soin de bien faire la distinction. En effet, nous pouvons avoir assez de discernement pour juger de ce qui est profitable pour atteindre un certain but, et voir aussi ce qui nous entrave. Nous pouvons même choisir d'accepter certains désagréments afin d'arriver plus vite au but, mais ce n'est pas forcément une marque de sagesse. La connaissance, le raisonnement, le jugement, le discernement sont tous nés de l'intellect; en elles-mêmes, toutes ces qualités ne sont que des pièges du Malin, et le Christ, dans l'Oraison Dominicale, nous invite à prier prier pour en être délivrés. C'est seulement lorsque ces facultés nées de l'intellect sont tempérées par ce pouvoir né du coeur qu'est l'amour, que cet amalgame devient de la sagesse. Si, dans ce texte de l'Epître aux Corinthiens, nous remplaçons le mot "charité" ou "amour" (selon les versions) par sagesse, nous comprendrons quelle est cette importante faculté que nous devons désirer si ardemment.

Ainsi, la mission du Rosicrucian Fellowship est de propager une doctrine qui réconcilie le cerveau et le coeur, ce qui est la seule vraie sagesse, car aucun enseignement auquel manque l'un de ces attributs ne peut vraiment être qualifié de sage, pas plus qu'il n'est possible de faire un accord musical avec une seule note. La nature de l'homme étant complexe, l'enseignement qui doit l'aider à s'élever et à se purifier doit aussi avoir de multiples aspects. Le Christ a suivi ce principe en nous donnant l'Oraison Dominicale, cette prière sublime qui, dans ses sept suppliques, touche la corde sensible de chacun des sept véhicules humains et les unit dans l'harmonie d'un accord parfait.

Mais comment ferons-nous connaître cette doctrine merveilleuse reçue des Frères Aînés? La réponse à cette question restera toujours éternellement: en vivant la vie régénérée. A l'honneur éternel de Mahomet, il a été dit que sa femme est devenue son premier disciple, et il est certain que ce n'est pas son enseignement seul, mais la vie qu'il menait chez lui de jour en jour, d'année en année, qui a gagné la confiance de sa compagne à tel point qu'elle lui a confié sa destinée spirituelle. Il est relativement facile de se tenir devant des tiers qui ne savent rien à notre sujet et de qui nos faiblesses ne sont pas connues, de prêcher une heure ou deux chaque semaine, mais c'est une chose bien différente de prêcher vingt-quatre heures par jour chez soi comme doit l'avoir fait Mahomet en "vivant la Vie". Si nous voulons, comme lui, faire connaître avec succès notre message, nous devons commencer chez nous en démontrant à ceux avec qui nous vivons que les enseignements qui nous guident sont vraiment des enseignements de sagesse. Il est dit que "charité bien ordonnée commence au foyer". Ce mot de "charité" est celui de l'Epître aux Corinthiens auquel il faut préférer "amour". En remplaçant ces termes par "sagesse", nous aurons: "La propagande de la sagesse commence au foyer". Que ceci soit notre devise durant toutes les années à venir. En "vivant la vie" chez nous, nous pouvons mieux faire progresser notre cause que par tout autre moyen. Beaucoup de familles sceptiques ont été converties par le mari ou la femme et sont devenues membres du Rosicrucian Fellowship. Puissent les autres leur succéder!

 


CHAPITRE 5 - LE SECRET DU SUCCES - Octobre 1917

Ce sujet intéressera sans doute tout le monde, car nous désirons tous la réussite et le succès, mais il faut d'abord préciser en quoi consiste le succès. A cette question, il se peut que chacun trouve une réponse différente, mais un peu de réflexion nous fera comprendre que, quel que soit le chemin choisi pour l'atteindre, ce chemin doit suivre l'orientation générale de l'évolution de l'humanité. Par conséquent, il doit exister une réponse générale à la question: "En quoi consiste le succès, et quel en est le secret?" Cependant, on ne trouvera pas la solution en examinant seulement la vie de l'homme à l'époque actuelle. Il faut en effet considérer ce qu'elle a été précédemment et envisager ce qu'elle pourrait être dans le futur, afin d'obtenir la perspective nécessaire pour arriver à trouver une réponse logique à cette importante question.

Il n'est pas nécessaire d'entrer dans les détails, aussi dirons-nous simplement qu'aux premières époques de son évolution, l'homme en devenir descendait des mondes spirituels pour se plonger dans l'existence matérielle, aussi le secret du succès résidait dans la connaissance du monde physique et de ses conditions. A cette époque, il n'était pas nécessaire de parler aux hommes des mondes spirituels et de nos corps plus subtils, tout cela étant évident, car nous vivions sur ces plans et nous pouvions voir ces corps, mais nous étions en train de descendre dans le monde physique, et c'est pourquoi les écoles d'initiation enseignaient à l'humanité les lois du monde physique et les initiaient aux arts et métiers grâce auxquels ils pourraient partir à la conquête du monde matériel. Depuis ce temps jusqu'à une date relativement récente, l'humanité a travaillé à se perfectionner dans ces branches du savoir humain, lesquelles ont atteint leur plus haute expression dans les siècles qui ont précédé la découverte de la vapeur et qui, de nos jours, sont en décadence.

A première vue, cette idée de décadence peut sembler non fondée, mais un examen attentif des faits en démontrera bien vite la véracité. Dans ce qu'on a appelé "l'âge de l'obscurantisme", il n'y avait pas d'usines, mais chaque ville et village avait de petits ateliers dans lesquels le "maître", parfois seul ou avec quelques ouvriers et apprentis, fabriquait les objets de sa profession à partir de la matière brute jusqu'à l'achèvement de l'objet, en exerçant son habileté et son instinct créateur, en mettant tout son coeur et toute son âme dans les objets qu'il confectionnait. S'il était forgeron, il savait créer des oeuvres d'art pour des enseignes, des grilles et autres productions qui contribuaient à l'ornement et à la beauté archaïque des cités moyennâgeuses. Ses oeuvres ne lui échappaient pas entièrement, car en parcourant les rues, il pouvait revoir ses travaux et se féliciter de leur beauté; il était également fier de sa connaissance qui lui avait gagné le respect et l'admiration de ses concitoyens pour son travail consciencieux et artistique. Le menuisier faisait le cadre des chaises et les tapissait en inventant ces modèles que nous essayons aujourd'hui de copier; le cordonnier, le tisserand et tous les autres artisans sans exception produisaient des articles finis à partir de la matière brute et chacun trouvait une satisfaction dans l'exercice de son talent créateur. On entendait le chant du forgeron, avec l'accompagnement du marteau sur son enclume, et tous les ouvriers, compagnons et apprentis ne se sentaient pas esclaves, mais des maîtres en devenir.

Alors est venu l'âge de la vapeur et de la machine, instaurant un nouveau système de travail. Jusque-là l'article était façonné à partir de la matière première par un seul homme, ce qui donnait une satisfaction à son instinct créateur, le nouveau système était de faire de l'homme le serviteur de la machine qui ne fabriquait que des pièces détachées, lesquelles étaient ensuite assemblées par d'autres ouvriers. Bien que ce système ait diminué le coût de production et augmenté le rendement, il ne laissait plus à l'homme l'occasion de manifester son instinct créateur; il est devenu un simple organe de la machine, la dent d'une roue. Dans les boutiques du Moyen Age, l'argent n'était pas la chose essentielle, car la joie de produire surpassait tout et le temps importait peu. Mais avec ce nouveau système, l'homme s'est mis à travailler pour de l'argent et "contre la montre", si bien que les âmes des patrons et des ouvriers sont maintenant dans le dénuement. Ils ont perdu ce qui était substantiel pour ne retenir que l'ombre de tout ce qui fait la vie digne d'être vécue, car ils travaillent pour des choses qu'ils ne peuvent utiliser et dont ils ne peuvent jouir. Ceci s'applique aussi bien aux patrons qu'aux ouvriers.

Que dirions-nous d'un jeune homme qui se donnerait pour but d'accumuler un million de mouchoirs qu'il ne pourrait jamais utiliser? Nous le traiterions sûrement d'insensé, mais pourquoi ne pas ranger dans la même catégorie un homme qui dépenserait toute son énergie et qui dépenserait tous les agréments de la vie pour devenir millionnaire? Ce système ne peut pas durer, car il donne une pierre à l'homme au lieu du pain qu'il réclame, et il devrait y avoir d'autres possibilités de se développer. De nouvelles normes doivent s'élaborer, de nouveaux idéaux doivent se faire jour et nous apporter un élargissement de nos perspectives. Pour avoir une idée de la direction que prendra l'évolution, il nous faut recourir à ceux qui, parmi nous, sont les plus doués d'inspiration: les poètes et les clairvoyants. Parmi eux, Lowell est peut-être celui qui exprime le mieux cette idée dans sa Vision de Sir Launfal. Un chevalier quitte son château, animé du désir de faire de grands exploits pour Dieu, va rejoindre les croisés et part à la recherche du Saint- Graal dans la lointaine Palestine. Il se prépare à partir, satisfait de lui- même, orgueilleux et arrogant, ne pensant qu'à sa mission. A la grille du château, il rencontre un pauvre lépreux qui tend une main suppliante en demandant l'aumône. Sir Launfal, cependant, n'a aucune compassion, mais afin de se débarrasser de cet être répugnant, il lui jette une pièce d'or et s'efforce de l'oublier.

"Le lépreux ne ramassa pas l'or dans la poussière:
"Mieux vaut pour moi la croûte du pauvre,
Mieux vaut sa bénédiction,
Même si, les mains vides, je quitte sa porte.
L'aumône que la main peut tenir
N'est pas la véritable aumône.
Celui qui donne par sentiment du devoir
Ne donne qu'un métal sans valeur.
Mais celui qui partage son maigre avoir
Avec ce qui est invisible, et que relie
Ce lien de beauté spirituelle
Qui soutient, pénètre et unit tout,
La main ne peut étreindre son don entier;
Le coeur se tend, avide, pour le recevoir,
Car un dieu accompagne cette aumône
Et la rend abondante pour l'âme
Qui mourait de faim dans l'ombre".

Mais qu'est devenu Sir Launfal? Pouvait-il espérer, dans un tel état d'esprit, parvenir au succès et découvrir le Graal? Sûrement pas, et c'est pourquoi il ne rencontre que déceptions sur déceptions. Finalement, il revient vers son château, découragé et devenu humble de coeur. Il y retrouve le lépreux, et à sa vue,

"En lui, son coeur était cendre et poussière;
Il partagea avec lui son unique croûte,
Il brisa la glace au bord du ruisseau
Et donna au lépreux à manger et à boire".

Ayant ainsi accompli son devoir charitable, il voit enfin venir sa récompense:

"Le lépreux n'était plus accroupi à son côté,
Mais se tenait devant lui, glorifié" (...)

"Et la Voix plus douce que le silence dit:
"Oui, c'est moi, ne sois pas effrayé.
Dans bien des pays, sans succès,
Tu as passé ta vie à chercher le Saint-Graal.
Regarde, il est ici! Cette coupe que tu viens
De remplir pour moi au ruisseau,
Cette croûte est mon corps brisé pour toi,
Cet eau le sang que je versai sur la croix;
La Sainte Cène est célébrée vraiment
Dans tout ce que nous partageons avec autrui.
Ce n'est pas ce que l'on donne, mais ce que l'on partage,
Car le don, sans celui qui donne, est stérile.
Qui se donne avec son aumône nourrit trois personnes
Lui-même, son prochain affamé et moi-même".

Dans ces vers, on découvre le secret du succès, qui consiste à faire les petites choses apparemment désagréables, mais qui sont à notre portée, au lieu de s'en aller au loin à la recherche d'illusions chimériques qui n'apportent jamais rien de défini ni de tangible.

"Et quel avantage peut-on obtenir par le moyen préconisé?" pourrait-on demander. Là encore, nous pouvons trouver la réponse chez un poète, Oliver Wendell Holmes, qui nous parle du petit nautile enfermé dans sa coquille. Il construit d'abord une petite cellule juste assez grande pour le contenir. Ensuite, à mesure qu'il grandit, il en ajoute une un peu plus vaste, qu'il occupera dans la période suivante de croissance, et ainsi de suite, jusqu'à ce qu'il ait formé une coquille en spirale aussi grande que possible, qu'il abandonne alors. L'auteur développe cette idée dans les vers qui suivent:

"Mon âme, bâtis-toi de plus fières maisons, Durant que coulent les saisons Laisse au passé sa voûte basse; Fais un temple plus beau que celui qu'il remplace! Abrite-toi sous un dôme plus altier Jusqu'au jour où, enfin libérée De ton écaille devenue inutile, Tu quitteras la mer agitée de la vie!"

Quand nous en sommes à ce point, nous avons obtenu le succès, tout le succès qu'il est possible d'obtenir dans le monde actuel, et nous entrons dans une nouvelle sphère, avec de plus importantes occasions de servir.

CHAPITRE 6 - LA MORT DE L'AME - Juin 1918

De temps à autre, suivant apparemment une loi périodique, les mêmes difficultés surviennent dans l'esprit des étudiants. A un certain moment, des lettres arrivent de différentes parties du monde pour demander des précisions sur un même sujet, à un autre moment sur un sujet différent, mais après quelques années, les mêmes sujets reviennent sur le tapis. Alors que nous aidons ceux qui nous posent eux-mêmes ces questions, il se peut donc que beaucoup d'autres soient intéressés au même moment; de là cette leçon sur la mort de l'âme qui semble préoccuper les esprits, peut-être parce qu'en ces temps de guerre la mort du corps est si commune et si fréquente.

Il y a quelques années, en mars 1912, nous avions publié une leçon sur"Le péché impardonnable et les âmes perdues" (voir chapitre 7, Glanes d'un Mystique, tome II de cet ouvrage) et leur rapport avec les sacrements. Dans cette leçon, nous avions dit que tous les sacrements se référaient à la transmission des atomes-germes qui forment les noyaux de nos différents corps. Le germe de notre corps terrestre doit être placé de la bonne manière dans un sol fertile pour faire croître un véhicule utilisable et pour cette raison, comme l'indique la Genèse (1:27) "Il les créa homme et femme". Les mots hébraïques sont "Sacr va N'cabah", qui sont les noms des organes sexuels. Littéralement traduit, Sacr signifie "porteur de germe"; ainsi le mariage est un sacrement, car il permet la transmission de l'atome-germe physique du père à la mère et tend à préserver la race humaine des ravages de la mort.

En tant que sacrement, le baptême signifie l'aspiration germinale de l'âme à une vie plus élevée, l'implantation d'une semence spirituelle.

La communion est le sacrement par lequel nous partageons le pain provenant de la semence de plantes chastes et dans lequel la coupe symbolisant le calice suggère l'âge futur, un âge où le mariage ne sera plus nécessaire pour transmettre la semence par père et mère, mais où nous pourrons directement nous alimenter de la vie cosmique et ainsi vaincre la mort.

Enfin l'extrême-onction est le sacrement qui marque la rupture de la corde d'argent et l'extraction du germe sacré en attendant qu'il soit placé dans une nouvelle N'cabah, ou mère.

Comme la semence et l'ovule sont à la base du développement du genre humain, on comprendra aisément qu'aucun péché n'est aussi sérieux que d'abuser des fonctions créatrices, car par ce sacrilège nous bloquons le développement des générations futures et nous transgressons la loi du Saint-Esprit, Jéhovah, qui est le gardien de la force lunaire créatrice. Ses anges nous annoncent les naissances, comme dans le cas d'Isaac, Jean-Baptiste et Jésus. Afin de récompenser Abraham, son plus fidèle serviteur, Jéhovah lui a promis de rendre sa semence (postérité) aussi nombreuse que les grains de sable du rivage. Il a également envoyé le châtiment le plus sévère aux Sodomites qui avaient commis le sacrilèges de mésuser de la semence, et le péché d'Onan qui la gaspillait est aussi un sacrilège du même genre.

Il est dit dans la Bible qu'il était défendu aux hommes de manger du fruit de l'arbre de la connaissance sous peine de mort, mais au lieu d'attendre patiemment que les conditions planétaires soient favorables, Adam connut Eve, et depuis ce temps la parturition se fait dans la douleur et les enfants sont exposés à mourir prématurément. Ainsi, l'abus de ces fonctions sacrées pour satisfaire la nature passionnelle, et particulièrement la perversion, tout cela est reconnu par les ésotéristes comme étant le péché impardonnable. C'est à cela que Jean fait allusion lorsqu'il écrit (I Jean 5:16): "Il y a un péché qui mène à la mort; ce n'est pas pour ce péché-là que je vous dis de prier".

Mais des recherches occultes ont montré que dans ce cas, ainsi que dans toutes les autres formes de menaces de l'enfer, Dieu et la Nature sont bien plus cléments et misécordieux à l'égard des humains, que ces derniers envers leur prochain. Quoique la justice rétributive punisse sévèrement ceux qui ont vécu des vies de péché et de vice, il a été constaté qu'il ne se produit rien d'aussi sérieux que la "mort de l'âme". Pour autant que nous ayons pu l'apprendre, seul, le magicien noir qui abuse intentionnellement de la semence à des fins maléfiques risque une chose aussi terrible, et il ne serait pas utile de s'étendre sur un pareil sujet s'il ne pouvait jeter quelque lumière sur d'autres questions intéressant nos étudiants.

Pour bien comprendre ce qui va suivre, nous devons nous rappeler les définitions exactes des termes esprit, âme et corps, tels qu'ils sont donnés dans la "Cosmogonie". Il y est dit qu'au début de la Manifestation, l'Esprit Vierge, étincelle de la Divinité, s'est enveloppé d'un triple voile de matière-esprit, devenant ainsi l'Ego.

L'Esprit triple projetait une ombre triple dans le monde de la matière, et c'est ainsi que le corps dense s'est développé comme une contrepartie de l'esprit divin, le corps vital comme une réplique de l'esprit vital, et le corps du désir comme l'image de l'esprit humain. Finalement, et ceci est très important, le lien de l'intellect s'est formé entre l'esprit triple et le corps triple, marquant ainsi le début de la conscience individuelle et le point où se termine l'involution de l'esprit dans la matière et où commence le processus de l'évolution qui doit élever l'esprit hors de la matière. L'involution entraîne la cristallisation de l'esprit dans des corps, alors que l'évolution est basée sur la dissolution des corps, l'extraction de la substance animique de ces corps et sur l'amalgamation alchimique de cette âme avec l'esprit.

Au début de l'évolution, l'homme n'était constitué que d'un esprit et d'un corps; il était sans âme, mais depuis lors, chaque vie vécue sur terre à l'école de l'expérience lui a procuré plus ou moins d'âme, selon l'usage qu'il faisait des occasions de progresser qui se présentaient, ce que l'on peut constater autour de soi dans les divers degrés qui vont du primitif jusqu'au saint. C'est donc de la perte de l'âme qu'il s'agit dans l'expérience décrite ci-dessus sous le nom de "mort de l'âme". Quant à l'esprit, étincelle divine sans commencement ni fin, il ne peut jamais mourir. Alors, comment la mort de l'âme peut-elle se produire, et quelle est la signification réelle de cette expression? L'auteur n'aime pas s'étendre sur un tel sujet, mais comme nous l'avons déjà dit, à cause des éclaircissements importants qui en découlent pour l'avancement spirituel, nous donnerons les explications nécessaires.

Nous venons de voir que l'esprit triple avait formé dans la matière un corps triple et que le but de l'évolution est l'extraction de l'âme triple hors du corps triple et son amalgamation avec l'esprit triple. Maintenant, notez bien ce qui va suivre, car c'est l'importante clé de tout le problème, un renseignement très précieux qui vous aidera à mieux comprendre le sujet que cela ne vous était possible jusqu'ici. Dans la littérature occulte, on parle beaucoup du "Sentier", mais quoique, pour l'initié déjà au courant, les allusions à ce qu'il est et au lieu où il se trouve soient nombreuses, ces précisions n'ont jusqu'ici jamais été données aux étudiants exotériques. Paul nous dit (Romains 8:6) que "l'affection de la chair est la mort, et que celle de l'esprit, c'est la vie et la paix". C'est l'exacte vérité, car l'intellect, qui est le lien entre l'esprit et le corps, est le Sentier ou le pont, seul moyen de transmission de l'âme à l'esprit. (Pour la compréhension de ce passage, il est utile de préciser que, là où les Bibles françaises disent "affection" ou "désir", l'anglaise dit "carnally minded" et "spiritually minded", ce que l'on pourrait rendre par "avoir l'intellect charnel, c'est la mort, mais avoir l'intellect spiritualisé, c'est la vie et la paix". En effet, le mot anglais "mind" est rendu dans notre littérature par le français "intellect"). Tant que l'homme a son "mental charnel" et qu'il dirige son attention sur les succès matériels en vivant selon le dicton "Mangeons, buvons et soyons joyeux, car demain nous mourrons" ( Luc 17:28), toutes ses activités sont concentrées sur la partie inférieure de son être, qui est la personnalité; il vit et meurt comme les animaux, sans avoir conscience de l'attraction magnétique de l'esprit. Mais à la longue, il vient un temps où les aspirations spirituelles sont ressenties et où la personnalité aperçoit la lumière et se met à la recherche de son Moi supérieur, de l'autre côté du "pont" de l'intellect. Et comme la chair et le sang ne peuvent hériter du Royaume de Dieu, le corps est crucifié pour que l'âme puisse être libérée et rejoindre son Père céleste, l'esprit triple ou Moi supérieur.

Ceci est du moins la tendance générale, mais il y a malheureusement des exemples du contraire, où la personnalité inférieure est tellement engagée dans le matérialisme, et l'intellect si étroitement attaché à ses véhicules inférieurs que la personnalité refuse de se sacrifier pour l'esprit. Il en résulte que le pont de l'intellect est finalement rompu. La personnalité privée d'âme peut encore vivre pendant des années après cette séparation et peut alors perpétrer les actes les plus outrageusement cruels et rusés jusqu'à ce qu'elle succombe. La magie noire qui comporte l'utilisation pervertie de la semence obtenue d'autres personnes est généralement pratiquée par ces personnes sans âme dans le but de satisfaire leurs désirs démoniaques. Il arrive souvent qu'ils obtiennent le pouvoir dans une nation ou une communauté qu'ils prennent plaisir à détruire.

Pendant ce temps, l'esprit reste nu; il n'a point d'atomes-germes lui permettant de créer de nouveaux corps et, par conséquent, il se met à graviter vers la planète Saturne et de là dans le Chaos où il devra rester jusqu'à l'aube d'un nouveau Jour de Manifestation. A première vue, il pourrait paraître injuste que l'esprit doive ainsi souffrir sans avoir commis d'actes pervers, mais à la réflexion, il est évident que, la personnalité étant une créature du Moi supérieur, la responsabilité existe et ne peut être éludée. Toutefois, de tels cas deviennent de plus en plus rares à mesure que nous avançons sur le sentier de l'évolution. Néanmoins, il importe que chacun de nous se tourne résolument vers le but, afin que la lumière sur le sentier conduisant à notre idéal spirituel, l'union avec le Moi supérieur, puisse devenir de jour en jour plus intense.

CHAPITRE 7 - LE SIXIEME SENS ET L'ERE NOUVELLE - Novembre 1918

Vers la fin de l'ère du Taureau, il y a environ 4000 ans, le "peuple élu de Dieu" s'enfuit devant le courroux divin qui s'annonçait pour l'Egypte, le pays où l'on adorait le Taureau. Ils étaient conduits vers la Terre promise par Moïse dont la tête, sur les anciennes images ésotériques, était ornée des cornes entrelacées du bélier, symbolisant le fait qu'il était le précurseur de l'ère Aryenne de 2100 ans durant laquelle, le matin de Pâques, le point vernal du Soleil colorerait de lumière rouge les montants des portes comme avec le sang de l'agneau, lorsqu'il passait l'équateur dans la constellation (non pas le signe) du Bélier. De la même manière, lorsque le Soleil s'approchait par précession de la constellation d'eau des Poissons, Jean-Baptiste plongeait dans les eaux du Jourdain ceux qui se convertissaient à la religion du Messie, et Jésus-Christ appelait ses disciples des "pêcheurs d'hommes". Tout comme l'"agneau" était immolé à Pâques pendant que le point vernal passait par la constellation du Bélier, ainsi les fidèles qui obéissent aux commandements de leur Eglise se nourrissent de poisson durant le Carême dans cette présente ère des Poissons.

Au moment où le Soleil, par précession, a quitté le signe du Taureau, ceux qui adoraient cet animal ont été considérés comme païens et idolâtres. Un nouveau symbole du Sauveur, ou Messie, a été l'agneau qui correspond à la constellation du Bélier. Mais au moment où le Soleil, par précession, a quitté ce signe, le Judaïsme est devenu une religion du passé. Depuis lors, les évêques de la nouvelle religion chrétienne ont porté une mitre en forme de tête de poisson pour symboliser leur fonction de ministres de l'Eglise pendant l'ère des Poissons, dont la fin approche.

En considérant l'avenir par analogie avec le passé, il est évident qu'une nouvelle ère s'annoncera quand le point vernal atteindra la constellation du Verseau, d'ici quelques siècles. A en juger par les évènements du passé, il est logique d'en conclure qu'une nouvelle phase de la religion viendra remplacer notre système actuel, nous révélant des idéaux plus élevés et plus nobles que notre conception actuelle de la religion chrétienne. Il est donc certain que si, à cette époque, nous ne voulons pas être taxés de païens et d'idolâtres, nous devons nous préparer à nous conformer à ces nouveaux idéaux.

Jean-Baptiste a prêché l'évangile de la préparation à cette ère en termes sans équivoque, prévenant les gens que la cognée était à la racine des arbres pour les abattre. Il leur conseillait aussi d'échapper aux courroux qui les menaçait, lorsque le Fils ( Soleil - en anglais, la prononciation des mots Son et Sun est presque identique) de Dieu viendrait avec un van pour séparer le blé de la balle destinée au feu. De son côté, le Christ comparait l'évangile au levain faisant lever toute une mesure de farine.

A première vue, la méthode de Jean-Baptiste de mettre la cognée à la racine de toute une structure sociale, semble des plus rigoureuses, alors que le procédé du levain mentionné par le Christ nous paraît plus modéré, mais en réalité il est bien plus radical et va beaucoup plus à fond, ce qui est évident si l'on observe attentivement ce qui se produit quand on fait du pain. Nous assistons à une révolution chimique, une sorte de guerre en miniature provoquant une transformation complète de chaque atome de farine qui se trouve dans le récipient; aucune de ses particules ne peut échapper au levain et l'on entend, toutes proportions gardées, comme le bruit d'une canonnade continue, une explosion de bombes et d'obus, jusqu'à ce que la force des bulles du levain se soit dépensée et que la pâte soit transformée en éponge. Mais cette guerre des atomes, cette révolution chimique, est absolument indispensable pour faire du pain, car si l'on supprimait cette opération, le résultat nous donnerait un pain lourd, indigeste et peu agréable au goût. C'est cette transformation par le levain qui rend le pain nourrissant et sain.

Cette préparation à l'ère du Verseau a déjà commencé, et comme le Verseau est un signe d'air, scientifique et intellectuel, il est évident que la foi nouvelle devra être basée sur la raison, et capable de résoudre l'énigme de la vie et de la mort d'une manière satisfaisante, à la fois pour l'intelligence et le sentiment religieux.

Telle est la religion de la Sagesse occidentale, diffusée par The Rosicrucian Fellowship; pareille au levain dans la pâte, elle désintègre la crainte de la mort, un produit de l'incertitude au sujet de l'aprés-vie. Elle montre que la vie et la conscience continuent d'exister sous des lois aussi immuables que Dieu lui-même, des lois qui tendent à élever les hommes à des états de spiritualité plus élevés, plus nobles, plus sublimes. Elle allume dans le coeur le phare lumineux de l'espoir en affirmant qu'après avoir développé dans le passé les cinq sens par lesquels nous sommes en contact avec le monde visible actuel, nous allons, dans un avenir pas trop éloigné, développer un nouveau sens qui nous permettra de voir les habitants de la région éthériques, ainsi que les amis qui nous ont quittés depuis peu et qui habitent la région éthérique ou les plans inférieurs du monde du désir au début de leur séjour dans l'au-delà. La mission du Verseau est symbolisée à juste titre par un homme vidant une urne d'eau.

Le Verseau est un signe d'air qui gouverne spécialement les éthers. Le déluge a partiellement asséché l'atmosphère atlantéenne en déposant une grande partie de son humidité dans la mer. Mais lorsque le Soleil entrera, par précession, dans le Verseau, le reste de l'humidité sera éliminé et les vibrations de la vue, qui sont plus facilement transmises par une atmosphère éthérique sèche, deviendront plus intenses. Dès lors, les conditions seront particulièrement favorables au léger développement de notre vue actuelle qui ouvrira nos yeux à la région éthérique. Le nombre de psychiques vivant en Californie est un exemple de l'effet produit par une atmosphère sèche et électrique, bien qu'elle soit évidemment bien loin d'être aussi sèche que ne le sera celle de l'ère du Verseau.

Ainsi, la foi sera acquise par la connaissance, et nous pourrons tous proférer ce cri triomphant: "O mort! où est ton aiguillon? O tombeau! où est ta victoire?" (I Corinthiens 15:55). Mais il est bon de se rendre compte que, par l'aspiration et la méditation, ceux qui désirent ardemment voir arriver ce jour peuvent brûler les étapes et dépasser leurs semblables qui ignorent ce qui leur est réservé. D'autre part, ces derniers peuvent retarder le développement d'une vision plus étendue en s'imaginant qu'ils souffrent d'hallucinations lorsque les premières lueurs les mettront en contact avec des entités éthériques, et par la crainte qui les retiendra de raconter à autrui ce qu'ils voient, de peur de passer pour des malades mentaux.

C'est pourquoi les Frères Aînés ont chargé The Rosicrucian Fellowship de la mission de diffuser l'évangile (ou bonne nouvelle) du Verseau et d'entreprendre une campagne d'éducation et d'instruction, de manière à préparer le monde à recevoir ce qui lui est réservé. Comme le levain dans la pâte, le monde doit être soulevé par les idées suivantes:

1 - Les conditions du pays des morts vivants ne sont pas ensevelies dans le mystère; bien au contraire, la connaissance de ses conditions est aussi facile à obtenir que celles que nous avons des pays étrangers d'après les récits des voyageurs.

2 - Nous nous trouvons près du seuil où nous connaîtrons toutes ces vérités.

3 - Et, chose importante entre toutes, nous hâterons pour nous l'arrivée de ce jour en acquérant la connaissance des faits concernant l'existence d'après-vie et de ce que nous pouvons nous attendre à y voir, car nous saurons alors ce qu'il faut y chercher et nous ne serons ni effrayés, ni étonnés, ni incrédules lorsque nous obtiendrons les premières lueurs des choses de l'au-delà.

Nos étudiants doivent aussi comprendre les grandes responsabilités qui accompagnent la possession de cette connaissance, car "à qui on a beaucoup donné, il sera beaucoup redemandé" (Matthieu 25:14-30). Si nous cachons ou enterrons nos "talents", ne méritons-nous pas la condamnation? The Rosicrucian Fellowship peut seulement remplir sa mission dans la mesure où chacun de ses membres fait son devoir de diffuser les enseignements reçus, et nous espérons avoir ainsi attiré l'attention de nos étudiants sur leurs devoirs individuels.

La vue éthérique est analogue aux rayons X par le fait qu'elle permet de voir à travers tous les objets, mais elle est beaucoup plus puissante et rend toutes choses aussi transparentes que du verre. Ainsi, dans l'ère du Verseau, beaucoup de choses seront différentes de celles d'aujourd'hui; par exemple, il sera très facile d'étudier l'anatomie et de découvrir une excroissance anormale, une luxation ou une condition pathologique du corps. Actuellement, les médecins les plus habiles admettent avec regret que leurs diagnostics sont trop souvent erronés, comme le montrent ensuite les autopsies, mais lorsque nous aurons développé la vue éthérique, ils seront capables d'observer les conditions physiologiques sans rencontrer d'obstacles.

La vue éthérique ne nous permettra pas de voir mutuellement nos pensées, car elles sont formées d'une substance plus subtile, mais il nous sera complètement impossible de vivre une double vie et d'agir différemment chez nous qu'en public. Si nous étions capables de voir les entités invisibles qui encombrent maintenant nos demeures, nous serions souvent honteux de nos actes. Mais dans l'ère du Verseau, il n'y aura rien de privé qui ne puisse être dévoilé par quiconque veut nous voir. Il sera inutile de faire dire, par le garçon ou la secrétaire, au visiteur indésirable, que nous sommes absents. Ceci signifie que, dans la nouvelle ère, l'honnêteté et la droiture seront la seule conduite à tenir, car nous ne pourrons pas faire le mal avec l'espoir de ne pas être vus. Il y aura tout de même des gens dont les bas instincts les pousseront dans les voies du mal, comme maintenant, mais au moins ils seront bientôt repérés et on pourra les éviter.

Le lecteur peut facilement imaginer d'autres conditions résultant de cette extension de la vue qui nous viendra avec l'ère du Verseau. En vivant aussi près que possible de ces conditions, chacun peut devenir un des pionniers de cette ère.

 

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