LE COLLIER DE CORAIL

par

Florence Barr

(Histoires de l'Ere du Verseau pour les Enfants, Vol. III, no 1)

  Vous avez tous eu des anniversaires et vous savez combien il est palpitant d'ouvrir de mystérieux petits paquets délicatement enveloppés dans un papier-cadeau, entourés de jolis rubans. C'est pourquoi, petits lecteurs, vous comprendrez tout ce que Rosalie ressentit le jour de son anniversaire et avec quelle impatience elle défit ses cadeaux, sautant de joie en découvrant la surprise que chaque paquet contenait.

  Le dernier paquet à ouvrir était une boîte rectangulaire différente des autres. Quand elle l'ouvrit, j'aurais aimé que vous l'entendiez s'exclamer "Oh! comme c'est joli..." Il y avait là, sur un coussinet de doux satin blanc, trois petites roses taillées dans le plus joli corail rose et reliées par une fine chaîne d'or.

  "Oh! papy, comme c'est beau! où est-ce que tu l'as eue, s'il te plaît, parle-moi de ces mignonnes roses de corail".

  Il y a des années et des années, probablement des milliers d'années, dit le grand-père, loin dans les eaux tièdes et bleues de la Méditerranée, flottaient de petites créatures au corps translucide en forme d'étoile de mer, mais minuscules. Elles étaient à la recherche d'une nouvelle demeure et, trouvant de solides rochers dans la mer tiède et profonde, elles s'y fixèrent en toute sécurité. Elles n'avaient ni pieds, ni yeux, mais avec leur bouche, elles buvaient des gouttes d'eau de mer qui contenaient de minuscules parcelles de calcaire.

  Cela leur permit de transformer leur corps en petits châteaux de calcaire. De plus en plus d'individus de cette famille de corail flottant (s'apparentant à la fameuse branche des polypes), vinrent se fixer sur les rochers.

  Comme ces créatures s'agrippaient aux rochers! et comme elles travaillaient patiemment et sans arrêt à la construction du corail, accomplissant leur tâche dans le jardin marin de Mère Nature!

  La colonie s'agrandit jusqu'au moment où il y eut vraiment un mur haut. Lorsque les corps des premières familles furent fixés et transformés en pierre, alors émergèrent de cette pierre des sortes de petits bourgeons, presque semblables aux petites feuilles printanières. C'était maintenant les enfants du corail, et ils étaient aussi tout à fait comme d'autres enfants, car certains partirent à l'aventure, à la recherche d'une nouvelle demeure, tout comme l'avaient fait les premiers constructeurs, mais d'autres enfants n'essayèrent jamais de se détacher de la famille et restèrent à la maison pour poursuivre la construction.

  C'est ainsi que ce mur vivant devint très beau. Il réfléchissait le bleu du ciel, l'or des rayons du Soleil, l'embrasement rose du coucher du Soleil, et même le pourpre du lever du Soleil.

  Au bout d'un certain temps, poussèrent de jolies forêts de corail, des arbustes fins et rosés et des fleurs de teinte plus foncée.

  Au sein de certains murs de corail, il y avait de petits lacs où des poissons aux couleurs vives s'amusaient et filaient de ci, de là, grignotant les douces algues vertes accrochées aux branches de corail.

  Parfois, d'autres petits habitants de la mer taquinaient la famille de corail disant: "Sortez de vos maisons et nagez avec nous". Et les petits constructeurs leur répondaient: "Allez nager ailleurs et soyez heureux, nous ne pouvons par sortir de nos maisons, car nos maisons sont nous-mêmes, mais notre travail est un jeu pour nous et nous sommes heureux d'être les constructeurs de Mère Nature".

  Les petits constructeurs de corail n'entendaient pas comme nous et ils ne pouvaient pas non plus parler comme nous, mais les habitants de la mer ont leur propre langage et comprennent bien ce que les autres espèces marines ont à leur dire, expliqua grand-père.

  C'est ainsi qu'avec foi, espérance et amour, ils construisirent un grand récif de corail.

  Bien sûr, cela prit des années et des années pour construire ce récif, car ces petits constructeurs étaient vraiment minuscules. Les premiers avaient quitté depuis longtemps leurs maisons de calcaire, semblables à des châteaux, et leurs petites étincelles de vie avaient poursuivi leur chemin. Mais ils avaient laissé leurs maisons de pierre comme une fondation solide, afin que les autres créatures de corail poursuivent la construction.

  Ces heureux bâtisseurs aimaient les vagues fougueuses et l'écume jaillissante. Et parfois les ondines, qui sont les esprits de l'eau, venaient leur murmurer des histoires concernant les autres créatures de la mer, leur racontant de merveilleux contes sur les trésors marins de Mère Nature.

  Les gentils esprits de la nature qui travaillaient avec la grande famille des polypes, les aidaient à construire le mur de corail et les encourageaient dans leur tâche; car à l'école de Mère Nature, c'est une loi que ceux qui savent comment faire les choses, aident ceux qui sont en train d'apprendre et ils doivent être patients avec eux jusqu'à ce qu'ils aient appris leurs leçons.

  Mère Nature est merveilleuse, et dans sa tendre sollicitude, le Père Céleste a donné des enfants à la terre et à la mer. Et Mère Nature guide et protège tous ses enfants. Elle les aime d'un amour compréhensif et récompense toujours leur loyauté.

  C'est pourquoi les petits constructeurs de corail ne s'inquiétaient pas du tout quand il arrivait qu'un ouragan arrache un gros morceau de leur mur. Cela faisait partie de la récompense qu'ils attendaient, en tant que constructeurs fidèles. Ils avaient alors une nouvelle expérience car de gentils pêcheurs emportaient ces morceaux de corail détachés du récif.

  Et j'en arrive à ton collier, Rosalie, continua le grand-père.

  Un joli morceau de corail rose fut rapporté à un joaillier qui tailla ces roses délicates de ses mains adroites. Et c'est ainsi que par leur loyal service dans le jardin marin de Mère Nature, les constructeurs de corail apportent maintenant de la joie à une petite fille, le jour de son anniversaire.

  Alors... le grand-père mit la fine chaîne d'or autour du cou blanc et délicat de Rosalie en disant:

  "Ces trois roses t'aideront à te souvenir de trois choses qui sont parmi les plus importantes de la vie, Rosalie:

LA FOI, L'ESPÉRANCE et L'AMOUR.

  La FOI dans le coeur compréhensif de Mère Nature,

  L'ESPOIR de pouvoir aider tout au long de l'école de la Vie, et

  L'AMOUR, L'AMOUR pour tout ce qui vit.

  De même que nous aimons les créatures de la mer, les fleurs et les animaux et que nous les aidons à progresser dans la vie, de même les Anges et les Archanges nous aident à devenir forts, afin que nous aussi nous puissions progresser. "L'AMOUR est le moyen par lequel nous grandissons, afin de devenir semblables à Notre Père au Pays de L'AMOUR."


                   "Le monde est plein de roses

                    Les roses pleines de rosée

                    La rosée est pleine d'amour spirituel 

                    Qui ruisselle pour vous et moi."

   

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